Face au risque d'embrasement, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence à 19H00 GMT à la demande du Royaume-Uni, pour discuter de la situation dans cet Etat pétrolier d'Afrique du nord, après des appels internationaux à la retenue.
Au lendemain d'une rencontre avec le Premier ministre Fayez al-Sarraj à Tripoli, M. Guterres a rencontré à Benghazi (est) son principal rival, le maréchal Haftar, avec l'objectif, selon le patron de l'ONU, d'"éviter une confrontation militaire".
Jeudi, les pro-Haftar ont lancé une offensive pour prendre Tripoli, où siège le gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale et dirigé par M. Sarraj qui a ordonné à ses forces de les repousser.
Les pro-Haftar ont progressé en direction de la capitale mais vendredi avant l'aube, ils ont été chassés après un "court accrochage" d'un barrage de sécurité à 27 km à l'ouest de Tripoli, selon une source de sécurité.Des dizaines de combattants pro-Haftar ont été faits prisonniers et leurs véhicules saisis.
Selon un journaliste de l'AFP sur place, M. Sarraj, accompagné de commandants militaires, s'est rendu ensuite au barrage, dans un convoi d'une vingtaine de véhicules, dont des pick-up armés de canons anti-aériens.Il a échangé brièvement avec les hommes armés avant de prendre la route vers Tripoli.
- "L'heure a sonné" -
Hormis la prise du barrage perdu ensuite, l'ANL semble se contenter pour le moment de prendre position dans des régions qui lui sont acquises, notamment autour des villes de Gharian et Al-Assabaa (à une centaine de km au sud-ouest de Tripoli), sans opérer de percée notable.
Jeudi, Khalifa Haftar a ordonné à ses forces d'"avancer" en direction de Tripoli."L'heure a sonné", a-t-il dit dans un message sonore, promettant d'épargner les civils, les "institutions de l'Etat" et les ressortissants étrangers.
Avant lui, le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l'ANL, avait annoncé mercredi la préparation de cette offensive pour "purger l'ouest" libyen "des terroristes et des mercenaires".
La force de protection de Tripoli, une coalition de milices tripolitaines fidèles au GNA, a annoncé aussitôt une contre-offensive.
Elle a donné le nom de "Ouadi Doum 2" à l'opération, en allusion à la défaite en 1987 du maréchal Haftar, alors officier sous le régime déchu de Mouammar Kadhafi, dans la région de Ouadi Doum à la frontière du Tchad.M. Haftar s'était alors fait prisonnier.
De puissants groupes armés de la ville de Misrata (ouest), loyaux au GNA, se sont dits "prêts à stopper l'avancée maudite" des pro-Haftar.
Depuis le renversement en 2011 de Mouammar Kadhafi tué après huit mois de révolte, la Libye est plongée dans l'insécurité avec la présence de nombreuses milices qui font la loi.Le GNA dans l'ouest, où se trouve Tripoli, et une autorité dans l'est contrôlée par l'Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée par Khalifa Haftar, se disputent le pouvoir depuis 2015.
- Appels à la désescalade -
Craignant un embrasement, le Kremlin a mis en garde contre une "reprise du bain de sang" et appelé à un règlement "pacifique et politique" du conflit.
Avant la Russie, Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont appelé les protagonistes libyens à faire baisser les tensions et à trouver une solution politique.La Canada et la Tunisie, pays voisin de la Libye, ont aussi exprimé leurs inquiétudes, et l'Allemagne a appelé à cesser "les opérations militaires immédiatement".
La nouvelle escalade est intervenue avant une Conférence nationale sous l'égide de l'ONU prévue mi-avril à Ghadamès (sud-ouest libyen), afin de dresser une "feuille de route" avec la tenue d'élections pour tenter de sortir le pays de l'impasse.
Les efforts diplomatiques des dernières années n'ont pas permis une réelle percée en vue d'une solution politique.
"Le risque d'embrasement est accru", a jugé Jalel Harchaoui, chercheur à l'Institut Clingendael de La Haye."Prendre Tripoli (...) reste une possibilité" pour Khalifa Haftar, appuyé par différents pays du Golfe, avance-t-il, faisant allusion aux Emirats arabes unis, à l'Egypte et à l'Arabie saoudite, où il a été reçu fin mars.
Outre l'est libyen, les pro-Haftar contrôlent des pans de la vaste région désertique du Sud, dont Sebha, chef-lieu du sud, ainsi qu'un des plus importants champs pétroliers du pays, à al-Charara.
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