"J'appelle le président Béchir à démissionner, à dissoudre toutes les institutions constitutionnelles et à former un conseil de 25 membres pour gouverner le pays", a déclaré Sadek al-Mahdi, dirigeant d'Al-Oumma, le principal parti de l'opposition.
Al-Oumma fait partie de l'Alliance pour la liberté et le changement qui regroupe des partis d'opposition et l'Association des professionnels soudanais (APS), fer de lance d'un mouvement de contestation qui se poursuit depuis plus de trois mois.
S'adressant à des fidèles musulmans lors des prières hebdomadaires du vendredi à Omdourman, ville voisine de Khartoum, M. Mahdi a aussi appelé l'ensemble de la population à participer à des rassemblements massifs samedi, d'après un communiqué de son parti.
Les organisateurs du mouvement de contestation ont appelé les Soudanais à manifester dans tout le pays samedi, date anniversaire de la révolte de 1985 qui avait permis de renverser le régime militaire de Jaafar al-Nimeiri et ouvert la voie à des élections démocratiques ayant porté à la tête du pays Sadek al-Mahdi.
Dernier Premier ministre démocratiquement élu au Soudan, M. Mahdi a été chassé du pouvoir par le coup d'Etat fomenté en 1989 par l'actuel président Béchir.Poussé à l'exil à plusieurs reprises, il est revenu au Soudan le 19 décembre, premier jour du mouvement de contestation inédit qui secoue le pays depuis décembre.
L'annonce, ce jour-là, du triplement du prix du pain par le gouvernement a provoqué des manifestations qui se sont rapidement transformées en un mouvement réclamant le départ du président Béchir.
Vendredi, une petite manifestation a eu lieu à l'extérieur de la mosquée où s'était exprimé M. Mahdi à Omdourman.Elle a été rapidement dispersée par des tirs de gaz lacrymogènes de la police, selon des témoins.
- Béchir appelle au dialogue -
Plus tard dans la journée, M. Béchir a reçu au palais présidentiel à Khartoum des alliés politiques et des membres de groupes de la société civile.
"Il faut que nous instaurions un dialogue avec notre jeunesse, nous devons aller à sa rencontre", a-t-il affirmé lors de cette rencontre.
"Nous devons instaurer un dialogue pour définir comment le pays peut être gouverné aujourd'hui et à l'avenir", a-t-il ajouté.
De nombreux jeunes, majoritairement des femmes, mènent le mouvement de contestation et accusent M. Béchir et son gouvernement de mal gérer l'économie.
La colère des Soudanais s'est développée ces dernières années sur fond d'augmentation des prix de la nourriture et de pénuries de carburant et de devises étrangères.
Le chef de l'Etat a décrété l'état d'urgence le 22 février dans tout le pays pour tenter de juguler le mouvement de protestation.
Depuis, plusieurs manifestants ont été arrêtés pour avoir participé à des rassemblements non autorisés et jugés par des tribunaux d'exception tandis que l'ampleur et l'intensité des manifestations ont fortement baissé.
Selon des experts, le mouvement de contestation constitue le plus grand défi de M. Béchir depuis son arrivée au pouvoir.
Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le début des manifestations.L'ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts.
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