Des véhicules transportant des forces de sécurité ont pris position très tôt lundi près du quartier général de l'armée où des manifestants sont rassemblés depuis samedi, selon des témoins.Elles "ont alors commencé à tirer des gaz lacrymogènes sur les manifestants", a expliqué un témoin sous couvert d'anonymat.Des personnes résidant dans un quartier très favorisé de Khartoum, situé à cinq kilomètres de ce complexe abritant le siège de l'armée, le ministère de la Défense et la résidence du président, ont confirmé avoir senti l'odeur de ces gaz lacrymogènes. "En entendant le bruit des tirs de gaz lacrymogènes, je suis sorti sur mon balcon et je les sentais", a raconté un résident.Des milliers de protestataires sont réunis depuis samedi devant ce complexe et un grand nombre d'entre eux ont dormi sur place.Scandant des slogans anti-gouvernementaux, ils ont appelé l'armée à les soutenir.Déclenchées le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, les manifestations se sont rapidement transformées en mouvement de contestation contre M. Béchir, à la tête d'un pays en proie à une crise économique.Le président a qualifié de "légitimes" les problèmes économiques rencontrés par les manifestants.Depuis le début du mouvement, 32 personnes sont décédées, selon les autorités. L'ONG Human Rights Watch (HRW) a évoqué le chiffre d'au moins 51 morts.En raison de l'état d'urgence décrété par M. Béchir, la mobilisation avait nettement baissé ces dernières semaines. Les opposants au gouvernement avaient appelé à manifester pour la journée de samedi, dont la date n'avait pas été laissée au hasard puisqu'elle marque l'anniversaire de la révolte du 6 avril 1985, qui avait permis de renverser le régime du président Jaafar al-Nimeiri.
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