"Nous ne pouvons pas demander aux Libyens de participer à la Conférence, au moment où les canons tirent et des raids aériens sont menés", a déploré l'émissaire de l'ONU pour la Libye Ghassan Salamé dans un communiqué.
Depuis jeudi, malgré les appels à la retenue de la communauté internationale, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'est libyen, et son autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) mènent une violente offensive pour s'emparer de la capitale Tripoli.
Soutenu par une autorité basée dans l'est du pays mais non reconnue internationalement, Khalifa Haftar espère ainsi étendre son emprise sur l'ouest de ce pays pétrolier alors qu'il contrôle déjà l'Est et le Sud.
Mais en face, les forces loyales au Gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, affirment être déterminées à mener une contre-offensive généralisée baptisée "Volcan de la colère".
Les organisations internationales craignent que les civils ne fassent une nouvelle fois les frais de ces affrontements interlibyens.Quelque 3.400 personnes ont déjà été déplacés par les combats, selon l'ONU.
Selon le dernier bilan du ministère de la santé du GNA arrêté dimanche soir, au moins 35 personnes ont été tuées depuis jeudi.Les forces pro-Haftar font état de 14 de leurs combattants tués.
Après une nuit plutôt calme, les combats ont repris dès mardi matin à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale, en particulier à Gasr Ben Ghachir et Wadi Rabi, selon une source de sécurité à Tripoli.
- Nouveaux raids aériens -
Le porte-parole des forces pro-GNA, le colonel Mohamad Gnounou, a indiqué que la banlieue de Wadi Rabi, était sous leur contrôle mardi, ajoutant que "l'ennemi" --les forces pro-Haftar-- a été repoussé notamment vers les régions de Soug Al-Khamis et Al-Aziziya, plus au sud.
M. Gnounou a fait état de plusieurs raids aériens menées par les pro-GNA contre des positions de l'ANL au sud de Tripoli, ainsi que contre ses lignes d'approvisionnement dans le centre du pays.
Les deux camps proclament quotidiennement des "avancées" mais jusqu'ici, sur le terrain, aucun des deux ne semble dominer les combats.
L'ANL a revendiqué de son côté lundi un raid aérien contre l'aéroport de Mitiga, le seul qui était encore opérationnel dans la capitale, provoquant la suspension immédiate des vols et l'évacuation de l'aéroport.
La frappe aérienne n'a pas fait de mort, mais un journaliste de l'AFP présent sur place lundi a aperçu un cratère d'un mètre de profondeur à proximité d'une piste d'atterrissage et un vieil hélicoptère militaire endommagé.
L'ANL a affirmé avoir visé un avion militaire MiG-23 et un hélicoptère.
- Reprise partielle des vols -
Mardi, l'Autorité de l'aviation civile a indiqué que seuls les vols nocturnes reprendront pour l'instant à Mitiga.
Ces violences compromettent le processus politique et ont conduit l'ONU à repousser une Conférence nationale libyenne qui était prévue du 14 au 16 avril à Ghadamès.
En préparation depuis plsuieurs mois par l'ONU, elle devait permettre de dresser une "feuille de route" à même de sortir le pays du chaos.
"Je suis plus déterminé que jamais à tenir cette conférence le plus tôt possible car nous ne pouvons pas perdre l'opportunité historique qu'elle représente", a toutefois déclaré l'émissaire de l'ONU.
Plus tôt, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a "fermement condamné" "l'escalade" de la violence autour de Tripoli et appelé à "un arrêt immédiat" des combats.
Mais jusqu'ici les appels de l'ONU à la trêve et à l'arrêt des hostilités n'ont pas été entendus par les belligérants.
- "Droit international" -
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a elle rappelé "toutes les parties" à "leur obligation, en vertu du droit international, de garantir la protection des civils et des infrastructures civiles".
Le président français Emmanuel Macron a téléphoné lundi au chef du GNA, Fayez al-Sarraj, pour lui affirmer son "refus total" de l'offensive du maréchal Haftar, selon le service de presse de M. Sarraj.
La présidence française a indiqué plus tard que M. Macron avait téléphoné ces deux derniers jours à M. Sarraj, mais aussi à MM.Haftar et Guterres.
Il "a marqué l'impératif d'agir immédiatement pour mettre fin aux combats", selon l'Elysée.
Selon un autre communiqué du GNA, le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a également fait part à M. Sarraj du "refus absolu" de Rome de l'attaque du maréchal Haftar.
Malgré le spectre d'une guerre généralisée en Libye, pays en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, les grandes puissances ont échoué à se mettre d'accord à l'ONU sur une déclaration appelant le camp Haftar à cesser son offensive.
Cette déclaration, soutenue entre autres par Washington, a été bloquée par la Russie, qui tient à ce que "toutes les parties" soient appelées à la retenue.
Malgré les violences aux portes de la capitale, les Tripolitains vaquent à leurs habitudes.Les services de l'administration fonctionnent, écoles et commerces sont ouverts.
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