Le 6 avril, après plus de trois mois de manifestations déclenchées par la hausse du prix du pain, de nombreux Soudanais ont commencé à camper devant le QG de l'armée dans la capitale Khartoum pour réclamer un changement de régime.
Malgré le départ du président Omar el-Béchir, le 11 avril, après 30 ans au pouvoir, ils n'ont pas mis fin à leur sit-in et demandent désormais aux militaires ayant pris les rênes du pays de laisser place à une autorité civile de transition.
"Nous avons coupé la tête (du régime), mais une partie du corps est toujours là", a déclaré à l'AFP Ahmed vendredi, sur un site débordant de monde à l'occasion de la prière du vendredi.
"Nous resterons ici pour le jeûne du ramadan et même après le ramadan jusqu'à ce qu'on réponde à nos demandes", poursuit le jeune manifestant.
Le Conseil militaire de transition qui a pris le pouvoir a jusqu'ici refusé de le céder à une administration civile.
Un accord trouvé pour former un Conseil conjoint comprenant militaires et civils ne s'est pour l'instant pas concrétisé, les deux camps se disputant sur sa composition.
Déterminés à ne pas se laisser confisquer leur révolution, les manifestants se disent déterminés à poursuivre leur mouvement.
- Honneur -
Sous un soleil de plomb, ils ont participé en nombre à la traditionnelle prière du vendredi à l'endroit du sit-in.
"Les gens ne devraient pas oublier les martyrs, nous devons continuer à participer aux rassemblements qui nous permettent de rester unis", lance un imam, prêchant depuis le toit d'un petit camion.Un fidèle tient un parapluie au-dessus de sa tête pour le protéger du soleil.
Depuis décembre, au moins 65 personnes ont été tuées dans les violences liées aux manifestations, selon des responsables.
"Liberté, paix, justice": entonnant les slogans du mouvement de protestation qui a permis de chasser Omar el-Béchir du pouvoir, des centaines de manifestants font le V de la victoire.
Des volontaires, dont de nombreux adolescents, aspergent d'eau les participants pour les rafraîchir alors que le thermomètre affiche 43 degrés Celsius.
D'autres offrent de l'eau depuis une camionnette faisant le tour du lieu pour fournir des tapis de prière.
"Sans le moindre doute, je resterai jusqu'à ce qu'un gouvernement civil soit formé", confie Awad Mohamed Awad qui dit camper devant le QG de l'armée depuis la chute du président Béchir.
"Je suis ici et je jeûnerai ici pour le ramadan", poursuit cet avocat, les épaules recouvertes d'un drapeau soudanais.
Les manifestants disent avoir déjà un plan pour organiser la période du ramadan, que ce soit durant la journée où les musulmans ne mangent ni ne boivent ou la nuit pour la rupture du jeûne.
"Jeûner à côté du siège de l'armée dans la chaleur c'est la moindre des choses que nous pouvons faire pour obtenir ce que nous voulons", dit Jaafar Wad al-Rif, un des protestataires.
Certains manifestants affirment être prêts à rester là des mois.
"Nous resterons durant le ramadan, après le ramadan et jusqu'à l'Aïd al-Adha", une fête musulmane prévue au mois d'août, lance Salaheddine Dafallah, employé dans une compagnie minière.Voire même plus tard: "S'ils ne répondent pas à nos demandes, le sit-in ne pourra pas être dispersé".
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