Ces violences s'inscrivent dans une stratégie de tension où le Burkina, déstabilisé par le renversement du président Blaise Compaoré en 2014, est confronté à une multiplication des attaques de groupes islamistes qui ciblent de plus en plus fréquemment les églises, selon des experts.
Lundi, "la (statue de la) Vierge avait été sortie pour faire le tour de la paroisse (...) A l'entrée du village de Singa un groupe de terroristes a intercepté le cortège.Ils ont tué 4 fidèles et brûlé la statue", a déclaré mardi un responsable de la communication de la cathédrale de Ouagadougou à l'AFP.
Selon l'Agence nationale de presse burkinabè, les assaillants ont stoppé la procession."Ils ont laissé partir les mineurs, exécuté quatre adultes et détruit la statue de la Vierge", a raconté un habitant cité par l'AIB.
"Hier (lundi) dans l'archidiocèse de Ouahigouya (grande ville du Nord), des individus ont attaqué des catholiques, faisant quatre victimes", a déclaré de son côté Mgr Paul Ouédraogo, président de la conférence épiscopale Burkina Faso-Niger lors de l'assemblée plénière de la conférence épiscopale d'Afrique de l'Ouest réunissant une centaine d'évêques de 16 pays à Ouagadougou.
Dimanche, six personnes, dont le prêtre célébrant la messe, avaient été tuées lors d'une attaque, attribuée à des jihadistes par les autorités, contre une église catholique à Dablo, commune de la province du Sanmatenga, également dans le nord du Burkina Faso.
Fin avril dernier, six autres personnes dont un pasteur, avaient été tuées dans l'attaque d'une église protestante à Silgadji, toujours dans le nord.Il s'agissait de la première attaque jihadiste d'une église au Burkina depuis 2015.
Dimanche, le gouvernement avait dans un communiqué "observé qu'après avoir échoué à opposer les communautés par des assassinats ciblés de chefs coutumiers et de leaders communautaires, les groupes terroristes s'attaquent maintenant à la religion dans le funeste dessein de nous diviser".
Ouahigouya, troisième ville du pays et centre névralgique du Nord, avait subi sa première attaque qui a fait un mort attribuée à des jihadistes le 7 mai.D'autres villes plus au sud ont également déjà été la cible des jihadistes.
- "Logique des terroristes" -
Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées à des groupes jihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et l'organisation État islamique au grand Sahara (EIGS).
D'abord concentrées dans le Nord, ces attaques ont ensuite visé la capitale Ouagadougou et d'autres régions, notamment l'Est, et fait depuis 2015 près de 400 mors, selon un comptage de l'AFP.
Les attaques d'églises surviennent au moment où la France, qui lutte contre les groupes jihadistes au Sahel, a mené la semaine dernière une opération pour libérer quatre otages - deux Français, une Sud-Coréenne et une Américaine - aux mains de jihadistes, également dans le nord du Burkina.
Les attaques jihadistes ciblent régulièrement des responsables religieux, chrétiens et musulmans, principalement dans le Nord du pays où les chrétiens représentent environ 35% de la population, les musulmans quelque 65%.
À la mi-mars, l'abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo (Nord) a été enlevé par des individus armés. Le 15 février, le père César Fernandez, missionnaire salésien d'origine espagnole, a été tué dans le Centre-Est.
Plusieurs imams ont également été assassinés par les jihadistes dans le Nord.Selon des sources sécuritaires, ceux-ci étaient "considérés comme pas assez radicaux" par les jihadistes ou "accusés de collaborer avec les autorités".
L'attaque des églises fait partie de la stratégie des jihadistes, selon des experts, alors que chrétiens et musulmans cohabitaient plutôt bien au Burkina.
"C'est quelque chose qui rentre dans la logique des terroristes", a estimé récemment Paul Oumarou Koalaga, consultant en géopolitique et spécialiste du Sahel.
"On a commencé d'abord avec un certain nombre de cibles symboliques: des forces de défense, les premiers ennemis, puis les grandes infrastructures économiques et financières comme les hôtels...Ensuite, on attaque l'état-major des armées, les enseignants...Tout cela c'est quelque chose de bien pensé et qui monte en puissance", poursuit-il.
Pour Corinne Dufka de Human Rights Watch, les attaques ciblées récentes de chrétiens ou de certains groupes ethniques sont "une des stratégies" des jihadistes "pour faire monter les tensions ethniques et déstabiliser le pays".
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