Le Conseil militaire et les dirigeants de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la protestation, étaient supposés plancher dans la soirée sur la composition d'un Conseil souverain, institution clé de la période de transition, fixée à trois ans, après avoir progressé sur la formation d'une assemblée législative.
Mais des violences sont venues en fin d'après-midi perturber ce scénario.Au moins huit personnes ont été blessées par des tirs contre des manifestants sur des barricades nouvellement érigées dans la capitale que l'armée voulait démanteler.
Quelques heures plus tard, des leaders de l'ALC ont annoncé à l'AFP que le Conseil militaire avait décidé de suspendre les discussions jusqu'au démantèlement des nouveaux barrages routiers.
"Le Conseil militaire a suspendu les discussions.Ils nous ont demandé de démanteler les barrages dans certaines parties de la capitale", a déclaré Rachid al-Sayed, porte-parole de l'ALC.
"Le Conseil militaire nous a dit que les manifestants doivent démanteler les barricades et réintégrer le principal sit-in" où les manifestants campent depuis le 6 avril, selon la même source.
Ces manifestants ont obtenu l'éviction du président Omar el-Béchir qui a été écarté par l'armée le 11 avril et poussent depuis pour un transfert du pouvoir à des autorités civiles.
Un autre leader des protestataires, Ahmed al-Rabie, a confirmé la demande de suspension des militaires.
"Le Conseil militaire nous a contactés pour dire qu'il ne reprendra les discussions qu'après le démantèlement des barrages", a-t-il dit.
- "Inacceptable" -
Lundi, après les premières violences autour des barricades qui ont coûté la vie à cinq civils et un militaire, le Conseil militaire a estimé "inacceptable" l'érection de barrages en affirmant qu'ils créaient le chaos dans la capitale.
Après les nouvelles violences, l'Association des professionnels soudanais (SPA), un pilier de la contestation, a appelé à la mobilisation en demandant, dans un communiqué, aux Soudanais de montrer leur "soutien aux manifestants", en les rejoignant dans leur sit-in devant le QG de l'armée dans la capitale soudanaise.
Elle a en même temps exhorté les manifestants à "garder le caractère pacifique de leur mouvement et à éviter tout affrontement".
L'ambassadeur britannique à Khartoum, Irfan Siddiq, a attribué ces tirs aux forces de l'ordre et demandé aux militaires au pouvoir de "mettre fin à cette situation".
Dans un tweet, il s'est dit "extrêmement préoccupé par l'utilisation de balles réelles par les forces de l'ordre soudanaises contre des manifestants à Khartoum aujourd'hui".
L'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, et Washington ont imputé ces violences à l'armée, mais le Conseil militaire a dit qu'elles étaient le fait d'"éléments infiltrés" cherchant à faire dérailler le processus politique.
- Progrès -
Le processus de négociation a enregistré d'importants progrès depuis lundi.
La physionomie de l'assemblée législative a été définie.Elle devrait être composée de 300 membres, dont 67% seront désignés parmi l'ALC.Le reste des sièges sera réservé aux représentants des forces politiques non affiliées à cette alliance.
L'un des leader de la contestation, Khaled Omar Youssef, a minimisé le rôle qu'aura à jouer le Conseil souverain, insistant sur le fait que le pays disposera d'un gouvernement puissant.
"Le cabinet aura les pleins pouvoirs et sera formé par l'ALC", a-t-il déclaré à l'AFP, ajoutant que l'alliance pourrait faire appel à des technocrates."Seuls les ministères de la Défense et de l'Intérieur iront aux militaires".
M. Youssef a insisté sur la nécessité d'avoir un Conseil souverain composé essentiellement de civils, alors que les généraux souhaitent qu'il soit dominé par les militaires.
Les Emirats arabes unis, attentifs à l'évolution de la situation au Soudan et qui se sont associés à l'Arabie saoudite pour lui apporter une aide de 3 milliards de dollars, se sont félicité des progrès.
Ce processus "met le Soudan sur la voie de la stabilité et du redressement après des années de dictature de Béchir et des Frères" musulmans, a tweeté son ministre d'Etat aux Affaires étrangères, Anwar Gargash.
Une profonde crise économique a alimenté la contestation déclenchée le 19 décembre et le triplement du prix du pain a mis le feu aux poudres.
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