Balkany, le roi du Katanga et l'ombre d'Areva

Infos. Le roi du cuivre dans le Katanga (RDCongo), le Belge George Forrest, a joué, selon les juges d'instruction, un rôle indirect dans l'acquisition d'un riad à Marrakech par le maire de Levallois-Perret Patrick Balkany, actuellement jugé pour blanchiment et corruption.

Balkany, le roi du Katanga et l'ombre d'Areva
Interrogé dans le dossier Balkany, où le maire de cette ville de banlieue parisienne encourt dix ans de prison pour blanchiment et corruption passive, George Forrest a expliqué avoir versé 5 millions de dollars au titre d'une commission destinée à Patrick Balkany qui lui aurait "apporté une affaire" en Namibie.Cette somme a été versée en juin 2009 sur le compte suisse de la société panaméenne Himola, dont Patrick Balkany lui avait selon lui remis le numéro sur "un bout de papier".Cette entente improbable entre l'homme politique français et le géant minier prend sa source dans les mauvaises affaires d'Areva, après le rachat désastreux de la compagnie canadienne Uramin.En juin 2007, l'ex-fleuron français du nucléaire, qui cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement en uranium, débourse 1,8 milliard d'euros pour acquérir Uramin, propriétaire de trois mines présentées comme prometteuses en Namibie, Afrique du Sud et Centrafrique. L'exploitation des sites se révèlera beaucoup plus difficile que prévu et l'opération se transforme en gouffre financier. Deux enquêtes seront ouvertes visant les responsables d'Areva, pour avoir présenté des comptes inexacts et concernant des soupçons de corruption dans l'acquisition d'Uramin.En Centrafrique, Areva s'est appuyé sur George Forrest pour régler son litige avec le président (déchu depuis) François Bozizé qui contestait son permis d'exploiter la mine de Bakouma, dans le sud-est.Comment le plus congolais des industriels a-t-il croisé la route de Balkany?Multimillionnaire et une des premières fortunes d'Afrique subsaharienne, le magnat du cuivre congolais résumait lui-même à l'AFP en 2018 le secret de sa longévité dans une zone déchirée par les conflits armés et les rivalités minières: "On a passé beaucoup d'événements et beaucoup de crises parce qu'on ne se mêle pas de politique. On est bien avec tout le monde".S'il a bâti sa fortune sur l'exploitation des gisements de cuivre du Katanga, dans le sud-est de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre), l'industriel belge a diversifié ses activités dans les années 2000, mettant son talent de négociateur au service de ses amis.C'est ainsi qu'il entre dans la course à l'uranium, en Centrafrique et en Namibie. La présence à Bangui de Patrick Balkany, qui découvrait à cette époque l'Afrique dans les valises du président Nicolas Sarkozy, ne lui plaît guère, confie-t-il aux enquêteurs."Je lui ai fait comprendre que je ne voulais pas qu'il intervienne en Centrafrique, car je n'avais pas besoin de lui", dit-il lors de son audition fin 2014. En revanche, Patrick Balkany lui "apporte une affaire" en Namibie, explique-t-il. C'est ainsi qu'il lui versera 5 millions de dollars, comme "commissionnaire".Au juge qui demande pourquoi la référence du paiement en faveur d'Himola est intitulée "transaction immobilière", George Forrest a répondu qu'il s'agissait d'une transaction portant sur "une concession immobilière minière" en Namibie. Une transaction dont Patrick Balkany assure tout ignorer.

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