Dans leur rapport, qui sera présenté lors de la prochaine session du Conseil des droits de l'Homme (24 juin-12 juillet) à Genève, les experts ont estimé que "vu l'effet de l'écoulement du temps sur la disponibilité et la qualité des éléments de preuve à recueillir, il y a urgence à accélérer l'ouverture des enquêtes judiciaires".Il est "impératif pour la justice militaire d'accélérer le tempo", ont-ils écrit, précisant que "sur l'ensemble des dossiers, un seul est en état d'être jugé".Des violences avaient éclaté en septembre 2016 dans le Kasaï après la mort du chef coutumier Kamuina Nsapu, tué par les forces de sécurité le 12 août 2016. En moins d'une année, le conflit entre ses miliciens et les forces de sécurité avait fait au moins 3.400 morts.Des enquêteurs de l'ONU ayant conclu que certaines de ces exactions constituent des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a chargé l'an dernier une nouvelle équipe d'experts d'évaluer la réponse des autorités, notamment pour lutter contre l'impunité.Selon les experts de l'ONU, l'avancement des dossiers aux mains de la justice est entravé par "la précarité des conditions de sécurité dans certaines zones", par un manque de ressources humaines ou logistiques, et, dans certains cas, par "la hiérarchie militaire".Ces experts ont aussi déploré le fait que la "vaste majorité" faisant l'objet d'enquêtes ne concerne que les Kamuina Nsapu, laissant dans l'impunité les miliciens des autres groupes. Ils ont par ailleurs appelé la justice militaire à élargir ses enquêtes pour mieux refléter "le caractère massif" des crimes sexuels, l'"emploi massif de la décapitation pour tuer" et le phénomène de recrutement et d'utilisation d'enfants-soldats, qui avait atteint des "proportions alarmantes".Les experts ont demandé que plus de fonds soient alloués pour la justice au Kasaï, faisant valoir que "pour l'heure, le seul procès en cours sur les événements du Kasaï - celui du meurtre (en mars 2017, NDLR) des deux experts du Conseil de sécurité de l'ONU, Michael Sharp et Zaida Catalán, et de leurs quatre accompagnateurs congolais - mobilise entièrement les rares ressources disponibles".Depuis l'arrivée au pouvoir en janvier 2019 du président Félix Tshisekedi, qui est originaire du Kasaï, les violences se sont faites de plus en plus rares. Plusieurs miliciens Kamuina Nsapu ont rendu leurs armes aux autorités.Mais selon les experts de l'ONU, "rien n'indique que les milices Bana Mura et Ecurie Mbembe ont l'intention d'emboîter le pas aux milices Kamuina Nsapu. Pire, des indices pointent vers la création possible d'une milice tetela".
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