"On entre dans une nouvelle ère" en Angola, deuxième producteur d'or noir d'Afrique sub-saharienne après le Nigeria, s'est réjoui Guido Brusco, vice-président du géant italien ENI pour l'Afrique subsaharienne.
"Il y a un intérêt renouvelé des investisseurs pour le pays.Il faut remonter à 2012/2013 pour retrouver un tel intérêt", a-t-il ajouté à l'AFP en marge d'une conférence début juin à Luanda.
Total, premier opérateur pétrolier en Angola avec une production de 650.000 barils par jour, confirme.
"Il y a un environnement des affaires qui pourrait nous conduire à signer bientôt plusieurs accords", explique un porte-parole du groupe français."On ouvre clairement une nouvelle page dans l'histoire pétrolière en Angola."
La donne a radicalement changé depuis l'arrivée au pouvoir de Joao Lourenço, qui a succédé en 2017 à José Eduardo dos Santos après trente-six ans de règne de ce dernier.
M. Lourenço a hérité d'un pays à l'économie en berne depuis la chute des cours du brut en 2014, mais il multiplie les initiatives pour tenter d'enrayer le déclin de la production.
Une priorité pour l'Angola, dont le pétrole est la principale ressource.En 2018, la production d'or noir n'a pas dépassé 1,5 million de barils par jour, son plus bas niveau en plus de dix ans, conséquence de prix faibles et du gel de nouveaux projets.
"On était dans un environnement de prix bas, et les entreprises rencontraient des difficultés à obtenir des réponses de la Sonangol (compagnie publique pétrolière) pour faire avancer les dossiers", explique à l'AFP une source dans l'industrie qui a requis l'anonymat.
Avant de réformer le secteur, Joao Lourenço a d'abord consulté pendant plusieurs mois l'industrie pétrolière pour identifier les moyens de relancer l'activité.
Une série de propositions, notamment d'avantages fiscaux, a été faite.Elles sont désormais inscrites dans plusieurs décrets présidentiels qui "ont créé un climat différent", salue M. Brusco.
- Fiscalité favorable -
Ces textes permettent notamment de développer des ressources qui n'étaient jusqu'à présent pas rentables et de relancer l'exploration.
Les résultats ne se sont pas fait attendre.En seulement douze mois, ENI a fait cinq découvertes, selon Guido Brusco.
A la lumière des décrets présidentiels, "Total et d'autres acteurs sont en train de réévaluer un certain nombre de dossiers qu'on avait mis entre parenthèses car ils n'étaient pas économiques mais qui aujourd'hui pourraient fonctionner" en raison d'une fiscalité favorable, ajoute la source dans l'industrie.
Notamment les champs dits satellites, situés à proximité de blocs déjà exploités.
Les compagnies britannique BP et américaine ExxonMobil prévoient également de nouveaux investissements en Angola, complète Adam Pollard, analyste spécialiste de l'Afrique subsaharienne chez Woodmac.
Autre initiative de Joao Lourenço: il a fait le ménage au sein de la toute-puissante Sonangol, principal contribuable de l'Etat empêtré dans des difficultés financières.
Il a d'abord limogé sa présidente, Isabel dos Santos, fille de l'ex-chef de l'Etat soupçonnée de malversations, ce que la femme la plus riche d'Afrique nie catégoriquement.
Il vient aussi de retirer à la Sonangol une de ses missions-clés, l'attribution des permis d'exploration et de forage, désormais du ressort d'une nouvelle entité séparée, l'Agence nationale du pétrole et du gaz (ANPG).
Là encore, dans un souci de "restructurer" le secteur pétrolier et de "créer des conditions pour l'attractivité de l'investissement privé", a justifié Joao Lourenço.
Et ce n'est pas fini.L'Angola va "intensifier les efforts pour renouveler les réserves afin de lisser l'important déclin de la production de pétrole", a promis le chef de l'Etat début juin devant les principaux acteurs du secteur.
Pour tenter d'inverser la tendance, des dizaines de nouveaux blocs vont être mis aux enchères prochainement.
Il y a urgence, reconnaît Luanda.Sans nouveaux projets, la production de pétrole pourrait passer sous la barre du million de barils d'ici 2023, a prévenu le ministère du Pétrole.
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