"Ghazouani, Ghazouani!" s'époumonent plusieurs jeunes filles, dont l'une porte un gilet jaune par-dessus un tee-shirt à l'effigie de Mohamed Cheikh El-Ghazouani, le candidat du pouvoir, qui a voté plus tôt dans un des bureaux installés dans l'enceinte sportive.
A quelques mètres, les membres de la police antiémeute déployés en force autour du stade ne remarquent même pas cette entorse à la loi électorale, puisque la campagne est officiellement close depuis jeudi soir.
Dans un communiqué, l'équipe du principal candidat de l'opposition, Sidi Mohamed Ould Boubacar, ancien chef de gouvernement de transition (2005-2007), a dénoncé une série d'"irrégularités dès les premières heures du scrutin" samedi, dont la "diffusion de slogans devant les bureaux de vote".
Devant l'école où ont voté dans la matinée M. Ould Boubacar et un autre candidat, l'opposant historique Mohamed Ould Moloud, ce sont pourtant de jeunes sympathisantes de l'opposition qu'un journaliste de l'AFP a vues présenter aux arrivants des fac-similés de bulletin de vote.
"Je ne fais rien de grave, regardez en face, ils font pareil" s'est défendue l'une d'entre elles, montrant du doigt des militants du pouvoir, eux aussi occupés à démarcher les électeurs.
Cette mobilisation au-delà du temps réglementaire semble avoir payé, puisque le taux de participation à deux heures de la fermeture des bureaux s'annonçait élevé, avec en particulier une affluence inusitée à Nouackhott, qui vote traditionnellement moins que la province.
- Bulletin à cocher -
Lors de l'ultime rassemblement de campagne du candidat du camp présidentiel, un petit avion a survolé à plusieurs reprises la foule pour larguer des papillons en papier représentant le bulletin de vote pour M. Ghazouani à glisser dans l'urne.
Samedi, chaque électeur devait cocher sur un bulletin unique le nom d'un des candidats, numérotés de un à six et illustré chacun par sa photo et un symbole (balance, épi de blé, lion, clé, théière, bovin).
Le président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a personnellement adoubé M. Ghazouani, a mis en garde contre un "retour en arrière", aux périodes d'instabilité que le pays a connues, si son compagnon d'armes de toujours n'était pas élu.
Mais l'opposition voit dans cette passation de pouvoirs programmée entre deux ex-généraux une volonté de perpétuation d'un régime "militaire".
Ses candidats se déclarent persuadés de la "volonté de changement" des Mauritaniens, après plus de dix ans de pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, mais disent redouter des fraudes.
S'il est largement crédité du rétablissement de la stabilité dans ce pays du Sahel frappé dans les années 2000 par les attaques jihadistes, le pouvoir actuel essuie de nombreuses critiques pour son bilan en matière de droits humains.
Interviewé par les envoyés spéciaux d'un média international, un citoyen explique son aspiration au changement par les difficultés de la vie quotidienne: "La Mauritanie souffre", dit-il.
"La Mauritanie souffre", répète une serveuse en entendant ces propos, "mais qui ose parler?Si tu parles, tu te retrouves derrière les grilles", s'exclame-t-elle, en écho aux atteintes à la liberté d'expression régulièrement dénoncées par les organisations de défense des droits de l'homme.
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