Le scrutin, qui s'est déroulé samedi, doit marquer la première transition entre deux présidents élus dans ce vaste pays du Sahel secoué par de nombreux coups d'Etat de 1978 à 2008, date du putsch qui a porté Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir, avant son élection en 2009.Il ne pouvait se représenter après deux mandats.
La Commission nationale électorale indépendante (Céni) a confirmé dimanche soir la victoire revendiquée au petit matin par M. Ghazouani, qui remporte 52,01% des suffrages et arrive en tête dans toutes les provinces du pays, à l'exception de Nouadhibou (nord-ouest).
Suivent le militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid (18,58%), l'ex-Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87%) et le journaliste Baba Hamidou Kane (8,71%).
Ces résultats doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel après examen d'éventuelles contestations, alors que les quatre candidats d'opposition ont jugé dans une déclaration commune "inévitable" la tenue d'un second tour, le 6 juillet, entre l'un de ses candidats et celui du pouvoir.
Ils ont annoncé leur intention d'utiliser tous les recours légaux, exigeant de la Céni la publication des résultats "bureau par bureau" afin de pouvoir les comparer aux "informations solides" dont ils affirment disposer pour étayer leur position.
Mais ils ont reporté sine die lundi une première manifestation prévue au siège de la Céni."Nous avons décidé de reporter la marche que nous devions organiser aujourd'hui, peut-être à jeudi", a déclaré à l'AFP Baba Hamidou Kane.
L'opposition attend la remise en liberté de dizaines de personnes arrêtées à la suite d'incidents dimanche entre manifestants et policiers dans la capitale et à Nouadhibou, a-t-il indiqué.
M. Ould Abeid a exhorté ses partisans à s'abstenir de toute violence, accusant le pouvoir de "provocations", destinées selon lui à faire basculer une contestation électorale vers une confrontation entre communautés.
"J'appelle tous les Mauritaniens, en particulier ceux qui me suivent, à faire preuve de retenue et à respecter la loi et la tranquillité, ainsi que la sécurité des personnes et des biens", a-t-il déclaré.
- Internet mobile coupé -
Il a ensuite reçu Mohamed Ibn Chambas, représentant du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel.
La société mauritanienne est marquée par des disparités persistantes entre communautés arabo-berbère, haratine (descendants d'esclaves de maîtres arabo-berbères, dont ils partagent la culture) et afro-mauritanienne, généralement de langue maternelle d'ethnies subsahariennes.
Peu après, le ministère de l'Intérieur a appelé "à la retenue et au sens des responsabilités", mettant en garde contre "tout rassemblement non autorisé", passible de sanctions pénales.
Les Mauritaniens ont voté samedi en nombre - 62,66% de participation - pour désigner leur président, qui devra préserver une stabilité chèrement conquise, mais aussi assurer le développement économique et faire progresser le respect des droits humains.
Reporters sans frontières (RSF) a condamné dans un communiqué la coupure d'accès à l'internet mobile dans le pays, constatée depuis dimanche après-midi par des témoins et des journalistes de l'AFP.Cette interruption "jette le discrédit sur le processus électoral en cours et envoie un très mauvais signal pour la liberté d'information en Mauritanie", selon RSF.
Par ailleurs, le président sortant est parti lundi matin pour l'Egypte afin d'assister au premier match de la sélection nationale de football à la Coupe d'Afrique des nations (CAN), la première de l'histoire du pays, face au Mali voisin, à partir de 20H00 GMT.
M. Ould Abdel Aziz a stabilisé la Mauritanie, frappée dans les années 2000 par des attentats jihadistes et des enlèvements d'étrangers, en menant une politique volontariste: remise sur pied de l'armée, surveillance accrue du territoire et développement des zones reculées.
La croissance économique, de 3,6% en 2018, bien qu'en amélioration, avec des projections de croissance annuelle de 6,2% en moyenne en 2019-2021, reste insuffisante par rapport à la démographie, selon la Banque mondiale (BM), qui appelle à libérer le secteur privé.
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