Véritable homme fort du pays depuis la démission, le 2 avril, du président Abdelaziz Bouteflika face au mouvement de contestation inédit qui agite l'Algérie depuis le 22 février, le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaid Salah a fait savoir mi-juin qu'aucun autre drapeau que l'emblème national ne serait désormais toléré dans les défilés.
Sans le citer, il ciblait le drapeau amazigh (berbère), brandi par de nombreux manifestants.Les revendications identitaires de cette minorité linguistique et culturelle, représentant environ un quart de la population algérienne, ont longtemps été ignorées voire réprimées par les autorités et sont une question très sensible en Algérie.
Peu avant le départ du cortège mardi, la police a confisqué plusieurs emblèmes berbères des mains de manifestants, ont indiqué des témoins à l'AFP.Selon les réseaux sociaux, elle a également procédé à l'arrestation d'au moins un porteur de drapeau amazigh.
Pour contourner l'interdiction, de nombreux manifestants ont peint mardi sur leur visage la lettre "Yaz" (Z) de l'alphabet berbère (le tifinagh) qui figure au centre du drapeau amazigh.
Des étudiantes ont enfilé des robes kabyles aux couleurs vives ou des foutas (étoffe portée par-dessus la robe en Kabylie) brodées et des étudiants portaient des chèches traditionnels touareg.Les Kabyles sont le principal peuple berbérophone d'Algérie.
"Je ne parle pas le berbère, mais je porte cette fouta kabyle pour exprimer mon soutien à l'identité amazigh" a expliqué à l'AFP Nora, étudiante en droit.
Pour Louisa Ait-Hamadouche, enseignante en sciences politiques à l'université d'Alger, présente lors de la marche, "les manifestants ont tenu ainsi à répondre Gaïd Salah".
Vendredi à Alger, lors de la dernière grande manifestation hebdomadaire en date, la police a arraché plusieurs drapeaux amazigh des mains de certains manifestants et a arrêté au moins 18 d'entre eux, placés dimanche en détention préventive après avoir été inculpés d'"atteinte à l'unité nationale".
"Arabes et Kabyles sont frères, Gaïd Salah est avec les traîtres", ou "Unité nationale, il n'y a pas de régionalisme", ont notamment scandé les étudiants, descendus dans les rues pour un 18e mardi consécutif.
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