De très nombreux policiers en uniforme et en civil sont visibles.Une centaine de fourgons de police --bien plus que d'habitude-- sont garés dans le centre d'Alger, ainsi que des canons à eau et des bulldozers antibarricades, a constaté un journaliste de l'AFP.
La police procède à de très nombreux contrôles d'identité, sans motif apparent, et une dizaine de personnes contrôlées ont été arrêtées et embarquées dans des fourgons, selon ce journaliste.
Un demi-millier de personnes sont désormais dans la rue, une heure environ avant le départ prévu du cortège, et sur les réseaux sociaux, des journalistes algériens font état d'actions de la police pour empêcher des petits groupes de s'agglomérer, ainsi que d'une intervention de la police pour disperser une tentative de sit-in dans une rue du centre-ville.
- "Partout" -
A "Alger, ce vendredi (...), dispositif policier renforcé (...), fouilles des jeunes, passants, porteurs de sacs à dos.Des policiers en civils déployés partout", a écrit sur Twitter Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des Droits de l'Homme (LADDH).
Ahmed, manifestant de 54 ans, se dit "impressionné par le nombre de policiers"."Je n'ai jamais vu ça.Ils veulent nous faire peur, mais ils ont tort, la peur est (désormais) derrière nous", a-t-il assuré à l'AFP.
Depuis plusieurs semaines, la police procède chaque vendredi matin, avant que la foule ne soit trop nombreuse, à des arrestations à Alger, sans motif apparent.
Vendredi dernier, elle avait particulièrement ciblé les personnes en possession de drapeaux berbères, après des consignes du chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu l'homme fort du pays depuis que le mouvement de contestation a poussé le président Abdelaziz Bouteflika à la démission le 2 avril.
A Alger, 18 manifestants arrêtés le vendredi 21 juin en possession de drapeaux berbères ont été inculpés d'"atteinte à l'unité nationale", infraction passible de 10 ans d'emprisonnement, et placés en détention provisoire.
Plusieurs autres, dont deux étudiants arrêtés mardi à Alger, ont été inculpés des mêmes chefs et placés sous contrôle judiciaire.
Vendredi, "c'est pas le drapeau amazigh (berbère) qui est recherché, mais c'est le +hirak+ (mouvement) qu'ils (...) veulent étouffer, restons pacifiques et mobilisés", a poursuivi M. Salhi.
- Instrumentalisation?-
Durant la semaine, le général Gaïd Salah, qui fut durant 15 ans un pilier de la présidence Bouteflika (1999-2019), a appelé les Algériens à "comprendre" les décisions de l'armée, alors que les manifestants réclament chaque semaine que le chef d'état-major "dégage" et exige un "Etat civil".
Le commandement de l'armée rejette invariablement les revendications des manifestants: l'instauration d'instances de transition, débarrassées de tous les anciens fidèles d'Abdelaziz Bouteflika et chargées de réformer le pays avant la tenue d'une présidentielle.
Jeudi, le général Gaïd Salah a accusé les partisans d'une telle transition de vouloir protéger les anciens responsables politiques et hommes d'affaires liés à Bouteflika, visés par les nombreuses enquêtes pour corruption récemment ouvertes par la justice, encouragée par l'armée.
Plusieurs d'entre eux ont été écroués, dont deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia, trois fois chef du gouvernement de M. Bouteflika entre 2003 et 2019, et Abdelmalek Sellal (2012-2017).
Des figures de la contestation et des observateurs s'inquiètent d'une possible instrumentalisation de la justice au profit de luttes de clan au sommet et réclament que ce soit le futur pouvoir élu qui mène à bien les enquêtes sur la présidence Bouteflika.
"Ceux qui veulent instaurer des phases de transition (...) veulent protéger la corruption en reportant la lutte lancée contre elle", a accusé le général lors d'un 2e discours en deux jours.Il a réitéré n'avoir aucune ambition politique, mais réaffirmé implicitement que l'armée resterait aux commandes tant qu'un nouveau président ne serait pas élu.
L'annulation de la présidentielle du 4 juillet place le pouvoir intérimaire dans une situation délicate, la Constitution prévoyant que le président par intérim Abdelkader Bensalah rende le pouvoir à un président élu d'ici le 9 juillet, un délai trop court pour organiser un nouveau scrutin.
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