Le réseau internet fixe, coupé depuis mardi après-midi après les heurts qui ont suivi l'annonce des résultats, a été rétabli vendredi, mais la connexion mobile, interrompue depuis le 23 juin, restait inaccessible.
Ce scrutin doit marquer la première transition entre deux présidents élus dans ce vaste pays du Sahel secoué par de nombreux coups d'Etat de 1978 à 2008, date du putsch qui a porté Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir avant qu'il ne soit élu en 2009.Il ne pouvait se représenter après deux mandats.
La situation est restée généralement calme vendredi dans la capitale.
M. Ghazouani, qui a déjà reçu les félicitations de plusieurs pays (France, Maroc, Algérie, Mali, Arabie saoudite...), a remercié dans la soirée son équipe de campagne et ses soutiens "à tous les niveaux", saluant leur "abnégation" et leur "sens élevé du devoir", devant des milliers de ses partisans.
S'adressant à "tout le peuple mauritanien", il l'a "félicité pour sa maturité politique et l'enracinement du pluralisme démocratique et du dialogue dont il a fait preuve" durant le scrutin du 22 juin.
"Toutes ces valeurs ont trouvé leur consécration dans un climat festif qui a marqué tout le processus démocratique et auquel ils ont tous contribué dans leur diversité et le pluralisme de leur choix", a-t-il conclu, en évitant de parler en tant que candidat élu "en attendant la décision du Conseil constitutionnel".
Celui-ci a indiqué qu'il annoncerait les résultats définitifs lundi à 12H00 GMT, selon l'agence officielle AMI.
Les quatre candidats de l'opposition accusent le pouvoir d'imposer un "état de siège de fait" et de dresser les communautés "les unes contre les autres" pour couvrir un "hold-up électoral".
La société mauritanienne est marquée par des disparités persistantes entre communautés arabo-berbère, haratine (descendants d'esclaves de maîtres arabo-berbères, dont ils partagent la culture) et afro-mauritanienne, généralement de langue maternelle d'ethnies subsahariennes.
Des heurts ont éclaté avant même l'annonce des résultats le 23 juin à Nouakchott et Nouadhibou (nord-ouest) entre policiers et partisans de l'opposition, puis de nouveau dans la capitale le lendemain.L'opposition a fait état de l'arrestation depuis de plusieurs centaines de ses partisans.
- L'opposition à plus de 45% -
Les autorités n'ont fourni aucune estimation du nombre de personnes arrêtées mais ont fait état de la détention d'une centaine de ressortissants de pays d'Afrique subsaharienne voisins, notamment sénégalais et maliens.
La télévision d'Etat a montré mercredi les "aveux" filmés de plusieurs d'entre eux, le visage flouté, s'identifiant par leur nom et origine et présentant leurs "excuses au peuple mauritanien" pour avoir participé à ces manifestations émaillées de heurts et de dégradations.
Jeudi soir, le ministre de la Culture et porte-parole du gouvernement, Sidi Mohamed Ould Maham, a présenté sa démission du gouvernement, selon des sources au sein de son ministère.
Cette démission est intervenue après une conférence de presse où il a justifié les mesures prises par les autorités face à la contestation des résultats et notamment qualifié l'interruption d'internet de "préventive".
Interrogé par l'AFP, un spécialiste du Sahel, Alain Antil, de l'Institut français de relations internationales (Ifri), a pointé une "surréaction des autorités" au lendemain du scrutin.Selon lui, elles ont été "surprises" par les résultats des candidats d'opposition, qui cumulent plus de 45% des voix.
La commission électorale a proclamé le 23 juin M. Ghazouani élu avec 52% des voix.
Il devance quatre candidats d'opposition, dont le militant antiesclavagiste et député Biram Ould Dah Ould Abeid, (18,58%), l'ex-Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87%) et le journaliste Baba Hamidou Kane (8,71%).
M. Ould Abdel Aziz a stabilisé la Mauritanie, frappée dans les années 2000 par des attentats jihadistes et des enlèvements d'étrangers, en menant une politique volontariste: remise sur pied de l'armée, surveillance accrue du territoire et développement des zones reculées.
Mais les critiques se focalisent sur les droits fondamentaux, notamment la persistance de profondes inégalités sociales, et les libertés publiques.
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