Nigeria: manifestation contre les exécutions extrajudiciaires à Maiduguri

Infos. Plus de deux mille personnes ont manifesté dimanche à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, pour dénoncer les exécutions extrajudiciaires et les exactions de milices d'autodéfense luttant contre les jihadistes de Boko Haram, a constaté un correspondant de l'AFP.

Nigeria: manifestation contre les exécutions extrajudiciaires à Maiduguri
"Nous voulons que les (miliciens) JTF soient bannis de la ville parce que nous souffrons trop de leur présence", a expliqué un habitant, Bukar Saleh."Ils font la loi, ils nous maltraitent et maintenant ils nous assassinent", a-t-il ajouté, en référence à un conducteur de rickshaw abattu par un milicien à proximité d'un poste de contrôle."Nous voulons que le responsable de la mort de notre frère soit poursuivi en justice", a ajouté un autre manifestant, Ari Mele.Des membres de la Joint Task Force (JTF, milice civile d'autodéfense) ont tenté de disperser la foule, à coups de bâtons. Des dizaines de personnes ont été arrêtées, mais la manifestation s'est reconstituée un peu plus loin.Pour la JTF, le conducteur de rickshaw a été abattu pour ne pas s'être arrêté à un poste de contrôle, pendant le couvre-feu."Un de nos hommes a ouvert le feu sur son triporteur et le conducteur a été tué sur le coup", a expliqué Babakura Abba-Ali, responsable de la JTF dans le quartier de Suleimanti, où s'est déroulée la manifestation.Les patrouilles et les contrôles de nuit se sont intensifiés après des incursions nocturnes des jihadistes, a-t-il précisé."Le fait que le conducteur ait refusé de s'arrêter au checkpoint a laissé croire qu'il s'agissait d'un terroriste de Boko Haram", selon Babakura Abba-Ali.Le tireur a été remis à la police pour être interrogé, a-t-il souligné.Les JTF ont vu le jour en 2013, d'abord de manière informelle sous la forme de groupes de volontaires, en réaction à la violence des combattants de Boko Haram à Maiduguri, épicentre de l'insurrection.Ils avaient permis de chasser les jihadistes de la ville, avant d'être organisés en milice civile engagée comme force supplétive aux côtés de l'armée.L'insurrection jihadiste lancée par Boko Haram en 2009 dans le nord-est du Nigeria et sa répression par l'armée ont fait plus de 27.000 morts et 1,8 million de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer.Elle a aujourd'hui gagné le Niger, le Tchad et le Cameroun voisins.

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