Egypte: début du dialogue alors que la révolte tourne à l'affrontement armé

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LE CAIRE (AFP)

  La révolte populaire réclamant le départ du président égyptien Hosni Moubarak depuis dix jours a viré à l'affrontement armé place Tahrir, coeur de la contestation au Caire, où le bilan des heurts entre partisans et contestataires s'élevait jeudi à au moins cinq morts.

Le dialogue entre le pouvoir et les "forces nationales" a débuté jeudi et des représentants des manifestants y participent, selon de hauts responsables égyptiens cités par la télévision publique, mais la principale coalition d'opposition a rejeté tout dialogue avant le départ du président Hosni Moubarak.

Des heurts violents entre pro et anti-Moubarak ont éclaté mercredi après l'intervention de Hosni Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis 1981, qui s'est engagé à ne pas briguer un sixième mandat en septembre.

Des milliers de manifestants qui exigent le départ immédiat du président ont une nouvelle fois passé la nuit sur la place Tahrir (Libération), épicentre de la contestation sans précédent qui secoue l'Egypte depuis le 25 janvier, et les affrontements ont repris dès l'aube.

"Tout le monde ici est blessé mais nous allons rester", assure Mohamed Adil, 30 ans."Nous nous attendons à ce que des gens viennent nous soutenir.Nous sommes prêts à mourir ici s'il le faut", dit-il.

 Jeudi, le ministère de la Santé, cité par la télévision d'Etat a indiqué que les violences à Tahrir, au cours des dernières 24 heures, ont fait 5 morts et 836 blessés, la plupart par des jets de pierres.

Le ministère de la santé avait fait état auparavant de trois morts mercredi, et selon un médecin sur place, quatre autres manifestants sont décédés dans la nuit de mercredi à jeudi.

Selon un bilan non confirmé de l'ONU, les heurts de la première semaine de contestation auraient fait au moins 300 morts et des milliers de blessés.

Jeudi matin, les manifestants pro-Moubarak n'étaient plus que quelques dizaines sur le terrain, et le camp anti-Moubarak contrôlait Tahrir et les rues environnantes, selon des journalistes de l'AFP.

La place, devenue emblématique de la colère de l'opposition, était recouverte de pierres et de gravats, une dizaine de milliers de manifestants anti-Moubarak scandant "le peuple veut l'execution du boucher", entourés par des chars de l'armée.

Dans la nuit, des tirs sporadiques ont commencé à se faire entendre vers 04H00 (02H00 GMT) jeudi et étaient toujours audibles une heure plus tard, selon un correspondant de l'AFP.

"A 03H30 (01H30 GMT), les anti-Moubarak ont attaqué les pro-Moubarak les chassant des environs de Tahrir et les repoussant à plus d'une centaine de mètres, derrière le musée et sous le pont du 6-Octobre", explique à l'AFP Mohamed Ahmad, un avocat de 29 ans à Tahrir.

Sur la place adjacente, Abdelmonem Riad, qui a également été le théâtre d'affrontements dans la nuit, une cinquantaine de soldats de l'armée se sont déployés jeudi matin pour tenter de séparer les deux camps, appelant les manifestants anti-Moubarak à reculer de quelques mètres, selon un journaliste de l'AFP sur place.Les pro-Moubarak demandaient à l'armée de les protéger.

L'Alliance des juristes égyptiens a déclaré de son côté dans un communiqué que les manifestants anti-Moubarak sur la place étaient sous le feu de leurs adversaires et que plusieurs d'entre eux avaient été tués ou blessés.

Vendredi une nouvelle journée de manifestations massives pour réclamer le départ du président est prévue.

Les violences entre pro et anti Moubarak place Tahrir, vont faire l'objet d'une enquête, a annoncé la télévision publique, citant le Premier ministre Ahmad Chafic après des appels lancés en ce sens par l'Union européenne et les Etats Unis.

Les Etats-Unis ont pressé leurs ressortissants de quitter l'Egypte "immédiatement" cependant que Paris a appelé jeudi les Français non obligés de rester, de rentrer dans "les meilleurs délais".

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, dans un appel téléphonique à M. Souleiman, a condamné les "choquants" affrontements sanglants de la veille au Caire.

Le "processus de transition" en Egypte "doit commencer dès maintenant", ont affirmé jeudi dans une déclaration commune cinq dirigeants européens.

"Seule une transition rapide et ordonnée vers un gouvernement à représentation élargie permettra de surmonter les défis auxquels l'Egypte doit faire face aujourd'hui", ont ajouté ces dirigeant français, allemand, britannique, espagnol et italien.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a jugé "inacceptables les attaques contre des manifestants pacifiques" et appelé à une "transition dans l'ordre et le calme".

De nombreux journalistes étrangers couvrant les troubles ont rapporté avoir fait l'objet de violences mercredi au Caire, certains ayant été battus ou arrêtés.

Selon Reporter sans frontières, plusieurs journalistes "ont été directement pris à partie par des partisans du chef de l'Etat et par des policiers infiltrés".

A Bruxelles, le quotidien Le Soir a fait part de son inquiétude après que son journaliste Serge Dumont, de nationalité belge, avait été "molesté", "tabassé", puis "emmené par des personnes non identifiées en civil" alors qu'il couvrait une manifestation pro-Moubarak au Caire.

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