La tribune, qui constitue une rare démarche de cette ampleur, est également publiée dans le quotidien français Le Monde qui en fait la Une de son édition du mardi 24 septembre.
"Nous sommes hors-la-loi.Nous violons des lois injustes, obsolètes, qui n'ont plus lieu d'être.Nous avons eu des relations sexuelles hors mariage.Nous avons subi, pratiqué ou été complices d'un avortement", affirment les signataires dans une rare démarche de cette ampleur.
"La culture du mensonge et de l'hypocrisie sociale génère la violence, l'arbitraire, l'intolérance.Ces lois, liberticides et inapplicables, sont devenues des outils de vengeance politique ou personnelle", déclare le manifeste lancé sous forme de pétition ouverte aux hommes.
Le texte co-rédigé par l'écrivain franco-marocaine Leila Slimani porte symboliquement 490 signatures, en référence à l'article 490 du code pénal marocain qui punit de prison les relations sexuelles hors mariage.
Sa publication coïncide avec la troisième audience du procès de Hajar Raissouni, une journaliste en détention depuis fin août pour "avortement illégal" et "débauche" (sexe hors mariage).Cette reporter du quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum dénonce une "affaire politique" depuis son arrestation.
- "Défendre toutes les vies brisées" -
Sa demande de remise en liberté a été rejetée la semaine dernière par le tribunal de Rabat, tout comme celle de son fiancé, du médecin, de l'infirmier et de la secrétaire médicale, arrêtés en même temps qu'elle.L'audience de lundi doit être consacrée au fond, les "vices de forme" soulevés par la défense n'ayant pas été retenus.
Au-delà de ce cas, le manifeste des "Hors-la-loi" veut "défendre toutes les vies brisées par le déshonneur, l'infamie ou la prison", a déclaré à l'AFP Leïla Slimani, nommée en 2017 représentante personnelle du président français Emmanuel Macron pour la Francophonie.
"C'est une campagne portée par des femmes de tous bords, enseignantes, banquières, femmes au foyer, étudiantes, artistes ou intellectuelles", a précisé à l'AFP la réalisatrice Sonia Terrab, co-autrice du texte.
"Je n'en peux plus.Car mon corps m'appartient, il n'appartient ni à mon père, ni à mon mari, ni à mon entourage, ni aux yeux des hommes dans la rue, et encore moins à l'Etat", affirment les signataires.
Le manifeste évoque dans sa forme le manifeste féministe dit des "343 salopes" qui a fait basculer la loi sur l'avortement en France au début des années 1970.
En 2018, la justice marocaine a poursuivi 14.503 personnes pour débauche, 3.048 pour adultère, 170 pour homosexualité et 73 pour avortements, selon les chiffres officiels. Entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc, selon des estimations.
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