Egypte: Moubarak s'accroche au pouvoir malgré la pression

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LE CAIRE (AFP)

Le président égyptien Hosni Moubarak semblait s'accrocher au pouvoir samedi face à la pression populaire et internationale réclamant son départ, au douzième jour d'un mouvement de contestation sans précédent. 

Parallèlement, un terminal gazier a été la cible d'une attaque à l'explosif dans le Sinaï égyptien mais il n'était pas clair dans l'immédiat si ce sabotage était lié à la révolte en Egypte.

Ne montrant aucun signe d'une volonté de démissionner, M. Moubarak, appelé désormais par les Etats-Unis à s'effacer le plus vite possible, a tenu le matin une réunion avec des membres de son nouveau cabinet avec l'espoir de trouver une issue à la crise qui menace son régime depuis le 25 janvier.

Il a discuté avec le Premier ministre Ahmad Chafic, qui a exclu la veille une transition entre M. Moubarak et le vice-président Omar Souleimane, le ministre du Pétrole Sameh Fahmy, le chef de la banque centrale Farouk Oqda et le ministre des Finances Samir Radwane, selon l'agence officielle Mena.

C'est la première fois qu'il se réunit avec son cabinet depuis le limogeage le 29 janvier du précédent sous la pression de la rue en Egypte, le plus peuplé des pays arabes (80 millions d'habitants) et jusqu'au début de la révolte l'un des plus stables.

 Sur la place Tahrir, emblème de la contestation dans le centre de la capitale égyptienne, des milliers de manifestants continuaient à scander "va-t'en, va-t'en" à l'adresse de M. Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis près de 30 ans.

Certains cherchaient à empêcher le matin des chars de l'armée de quitter la place, par crainte que leur départ ne se traduise par la reprise de violences avec les militants pro-Moubarak.

Quand ils ont entendu au petit matin rugir les moteurs des chars et des blindés, des dizaines de manifestants se sont précipités pour s'asseoir autour des engins en suppliant les militaires de rester là, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Nous restons là pour empêcher l'armée de détruire nos barricades.Ils disent vouloir ouvrir les accès de la place et des bâtiments officiels à partir de demain.Mais en fait, ce qu'ils veulent c'est ouvrir le passage aux bandits de Moubarak pour nous attaquer", estime Mohamad Gamal, 24 ans.

Des milliers de manifestants ont passé une nouvelle nuit place Tahrir, certains dans des tentes, d'autres à même le sol, malgré le couvre-feu, après une journée marquée par des manifestations de centaines de milliers de personnes à travers le pays pour réclamer le départ de M. Moubarak.

Des coups de semonce ont été entendus samedi avant l'aube semant quelque temps la panique.

Sur une banderole géante devant un immeuble de neuf étages, les manifestants ont exposé leurs revendications: outre le départ du président, ils réclament la dissolution du Parlement, la mise en place d'un gouvernement de transition, et la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1981.

Dans le Sinaï, dans le nord de l'Egypte, des inconnus ont lancé une attaque à l'explosif le matin contre un gazoduc en Egypte approvisionnant la Jordanie, a indiqué à l'AFP un responsable égyptien.L'attaque a fait des dégâts mineurs et l'incendie a été circonscrit au bout de trois heures.

Le gazoduc se divise en deux sections, l'une acheminant du gaz vers la Jordanie, l'autre vers Israël.L'attaque a ciblé la section approvisionnant la Jordanie, mais les livraisons de gaz vers les deux pays ont été momentanément coupées, selon des mesures d'urgence prévues, a indiqué la radio israélienne.

L'Egypte, qui a été le premier pays arabe à signer la paix avec l'Etat hébreu en 1979, assure 40% du gaz naturel à Israël.

Entretemps la pression internationale sur M. Moubarak s'accroît.

Le président américain Barack Obama, dont le pays est un allié clé de l'Egypte, a déclaré vendredi que "des discussions" s'étaient engagées sur la transition politique en Egypte.Selon ces discussions, il revient aux Egyptiens de préciser les détails de la transition politique, a-t-il ajouté.

D'après le New York Times, Washington discute avec des responsables égyptiens des modalités d'un départ immédiat du président Hosni Moubarak et du transfert du pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par M. Souleimane.

"J'exclus que la proposition de transfert soit acceptée", a toutefois dit le Premier ministre égyptien."Il n'y a pas de raison que le président se désiste, sa présence est une sorte de gage de stabilité" pour le pays.

Les affrontements entre policiers et manifestants antigouvernementaux, puis entre militants pro- et anti-Moubarak, ont fait environ 300 morts et des milliers de blessés depuis le 25 janvier, selon l'ONU.

Les autorités multiplient les interviews sur les chaînes nationales, panarabes et mêmes occidentales, afin de tenter d'apaiser la fronde.

Enfin, la télévision publique a annoncé que les tribunaux reprendraient leurs activités dimanche.

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