Recouvert du drapeau national, son cercueil a été enseveli dans une cour poussiéreuse de sa propriété de Kutama à l'issue d'une cérémonie sobre, devant quelques centaines de proches.
Emmenés par sa veuve, Grace Mugabe, entièrement vêtue de noir, les membres de sa famille ont jeté des roses blanches sur sa dépouille, a rapporté une journaliste de l'AFP, pendant que la chorale du lycée local entamait une série de chants.
"Héros" de l'indépendance devenu despote, Robert Mugabe s'est éteint le 6 septembre à l'âge de 95 ans dans un luxueux hôpital de Singapour où il se faisait soigner depuis des années.
Contraint à la démission il y a deux ans par un coup de force de l'armée et de son parti, il a laissé derrière lui un pays meurtri par la répression et ruiné par une crise économique sans fin qui a plongé une large part de sa population dans la misère.
Plusieurs centaines de personnes, pour l'essentiel des proches et des voisins, ont assisté samedi à son enterrement à Kutama, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Harare.
Nombre d'entre eux avaient revêtu un T-shirt blanc barré des mots "libérateur", "père fondateur" ou "porte-drapeau" et ont rendu hommage à Robert Mugabe par des chants et des danses, avant une dernière messe.
"Nos c-urs saignent parce que nous avons perdu notre père", a déclaré un prêtre catholique dans son homélie, "cet homme vivra toujours car il est une légende".
Hormis une poignée d'élus locaux, les dirigeants du pays ont brillé par leur absence lors de la cérémonie, conséquence de la guerre qui les a opposés depuis trois semaines à la famille de Robert Mugabe autour du lieu de son inhumation.
Aux autorités qui entendaient bien l'inhumer en grande pompe au Panthéon des "héros" de la "lutte de Libération" à Harare, la famille a opposé sa volonté de le faire reposer à Kutama, à une centaine de kilomètres de là.
- Rancune tenace -
Le gouvernement a cru un temps l'emporter en annonçant que Robert Mugabe serait enterré au "Champ des héros" sous un mausolée à construire.Mais, à la surprise générale, il a été finalement contraint de capituler et de laisser partir le corps de l'ancien chef de l'Etat dans son village.
Cette bataille a illustré les vives tensions qui opposent depuis bientôt deux ans les fidèles de l'ex-président à M. Mnangagwa.
Jusqu'à son dernier souffle, Robert Mugabe a nourri une rancune tenace envers Emmerson Mnangagwa, placé à la tête du pays après la démission du vieux président sous la contrainte de l'armée et de son parti, la Zanu-PF, en novembre 2017.
Les généraux sont intervenus après le limogeage de M. Mnangagwa de son poste de vice-président, sur l'instance de la première dame, Grace Mugabe, qui briguait alors ouvertement la succession de son mari à la tête du pays.
Samedi encore, la polémique sur le lieu de son inhumation a continué de plus belle à Kutama.
"Nous n'avons fait que respecter ses volontés", a plaidé lors de la cérémonie une des s-urs de Grace Mugabe, Shuvai Gumbochuma."Il a dit lui-même qu'il ne voulait pas être enterré au Champs des héros", a-t-elle ajouté, "je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu qu'il avait été insulté".
Lors de ses funérailles, son neveu, Walter Chidhakwa, avait dit que son éloignement du pouvoir avait rendu son oncle "très triste".
Le porte-parole de la Zanu-PF, Simon Khaya Moyo, s'est dit pour sa part "choqué" par la "discrète confiscation" de la dépouille, déplorant un "stratagème politique".
"Il a lui-même enterré de nombreux héros au Champ des héros, c'est là qu'il aurait dû l'être lui aussi", a dit à l'AFP Talkmore Dendera, un pasteur de 29 ans."Mais sa famille est encore très amère à cause des conditions de sa destitution".
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