La situation sécuritaire est encore incertaine en Tunisie

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TUNIS (AFP)

La situation était encore tendue dimanche en Tunisie, où des manifestations réclamant le départ des fonctionnaires nommés sous Ben Ali ont eu lieu ces derniers jours, culminant samedi à Kef (centre-ouest) avec une nouvelle flambée de violence qui a fait quatre morts.

Le calme est revenu dimanche dans la ville de Kef, au lendemain de violents affrontements entre des manifestants venus réclamer le départ du chef de la police locale et les forces de l'ordre, selon des témoins et des sources syndicales.

"C'est calme ce matin (dimanche).D'après les témoignages d'habitants et des informations de source médicale, au moins quatre personnes ont été tuées et il y a une quinzaine de blessés", a déclaré à l'AFP Abdelatif Bouguera, syndicaliste joint à Kef par téléphone.

Il dit avoir vu samedi soir deux manifestants tomber sous les balles du chef de la police locale, Khaled Ghazouani.

Samedi, des centaines d'habitants de Kef qui réclamaient le départ de Khaled Ghazouani, accusé d'abus de pouvoir, ont "incendié le commissariat" et "saccagé" le siège local du RCD (ex-parti au pouvoir), la maison des jeunes et la résidence du commissaire Ghazouani, selon plusieurs témoins joints par l'AFP.

La manifestation, au départ pacifique, a dégénéré lorsque Khaled Ghazouani a giflé une manifestante, provoquant la colère de la foule, qui s'est ruée vers le commissariat avant d'y mettre le feu.

"Ghazouani a été pourchassé par des habitants et il s'est mis à tirer.Deux personnes ont été tuées sur le coup.Puis les policiers ont effectué des tirs de sommation et lancé des grenades lacrymogènes pour disperser la foule", a expliqué à l'AFP Jamii El Rabhi, un autre syndicaliste.

Deux manifestants sont décédés des suites de leurs blessures dans la soirée, selon des sources syndicales et des témoins.

Le chef de la police a été arrêté et transféré dans la nuit à Tunis, selon les mêmes sources.

A Tunis, José Ignacio Salafranca, le chef d'une délégation du Parlement européen (PE) en visite depuis quatre jours, a fait part de la "vive préoccupation" du PE et réclamé "une enquête pour identifier les coupables" afin de les traduire en justice.

Heidi Hautala, en charge de la sous-commission des droits de l'homme au sein du PE, a pour sa part estimé que "la consolidation (de la situation en Tunisie) n'était "pas encore là", ajoutant que "les violences et atteintes aux droits de l'homme ne sont pas terminées", en allusion notamment aux incidents du Kef.

Après un grand coup de balai dans la police et le remplacement des gouverneurs des 24 provinces du pays, le gouvernement de transition avait pourtant parié sur une amélioration de la situation sécuritaire et sociale.

Il avait annoncé un allègement samedi du couvre-feu en vigueur depuis le 12 janvier et entamé des négociations sectorielles avec les syndicats, pour répondre à la grogne de salariés qui exigent des améliorations de leurs conditions de travail, des hausses de salaire ou le départ de leurs chefs nommés sous Ben Ali.

Mais ces derniers jours, les habitants de plusieurs villes et des partis politiques ont contesté les nominations des nouveaux gouverneurs et réclamé un nettoyage en profondeur de toutes les administrations.

Le parti d'opposition Ettajdid (ex-communistes) a dénoncé la nomination "sans concertation" de gouverneurs "issus pour la plupart du RCD" et réclamé, à l'instar du PDP (parti de centre-gauche entré au gouvernement), la mise en place de "conseils régionaux provisoires" qui englobent des représentants de la société civile et des partis politiques.

A Sidi Bouzid, berceau de la révolution dans le centre-ouest du pays où de nouveaux troubles ont éclaté cette semaine, les habitants attendaient dimanche une "caravane de remerciements" partie de Tunis et composée de centaines de Tunisiens, mobilisés par des appels sur le réseau social Facebook.

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