"Tout est bouclé. Les commerces sont fermés, les routes sont coupées par des barricades de pneus, de troncs d'arbres et de pierres", a témoigné Berhanu Kebede, habitant Shashamane, une ville au sud d'Addis Abeba.Certains manifestants scandaient "Dégage Abiy", a-t-il ajouté.Des mouvements de protestation ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, après un face à face tendu dans la matinée, à Addis Abeba, entre des membres des forces de sécurité et des partisans de Jawar Mohammed, le fondateur du média d'opposition Oromia Media Network (OMN), basé aux États-Unis, et rentré en août dernier au pays.Jawar Mohammed a joué un rôle clé dans les manifestations antigouvernementales ayant mené à la chute du prédécesseur de M. Abiy et à la nomination de ce dernier, comme premier Premier ministre issu du groupe ethnique oromo, le plus nombreux en Ethiopie.Cet activiste controversé est accusé par ses détracteurs d'inciter à la haine ethnique et n'a pour but que de déstabiliser le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique.Les relations entre les deux hommes se sont récemment détériorées, Jawar Mohammed ayant critiqué publiquement plusieurs réformes d'Abiy Ahmed, qui vient d'être récompensé par le prix Nobel de la paix.Jawar Mohammed a affirmé sur Facebook que les autorités avaient tenté d'écarter son service de sécurité, ce qui avait provoqué la confrontation de mercredi matin."Le plan n'était pas de m'arrêter, mais d'écarter mon service de sécurité pour mieux lancer ensuite sur moi une foule d'assaillants", a-t-il assuré.Les autorités ont nié ces accusations et appelé les manifestants à lever leurs barricades pour permettre la libre circulation de tous.Le conflit entre Jawar Mohammed et Abiy Ahmed souligne les divisions au sein de la communauté oromo, avant des élections générales prévues en mai 2020."Le Premier ministre Abiy et son parti, l'Organisation démocratique des peuples oromo, risquent de perdre une partie significative du soutien de la communauté oromo si ses relations avec Jawar Mohammed ne s'améliorent pas rapidement", a jugé William Davison, un analyste du groupe de réflexion International Crisis Group."Toute tentative pour arrêter Jawar Mohammed risquerait de provoquer de très sérieux affrontements", a-t-il mis en garde.
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