Révolution égyptienne : Quel avenir pour le pays ?

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_ Le Centre d'Accueil de la Presse Etrangère (CAPE) a organisé le mardi 8 février une conférence de presse pour comprendre les enjeux du mouvement en Egypte. Basma Kodmani, politologue, spécialiste de monde arabe, chercheur et écrivain, a donné son point de vue sur la révolution égyptienne, en la comparant très souvent à celle de Tunisie. Elle est revenue sur les raisons et les conséquences des manifestations._ Depuis le 25 janvier, des milliers de manifestants demandent le départ du Chef de l'Etat égyptien, Hosni Moubarak. Un mouvement qui semble faire écho à la révolution tunisienne. Basma Kodmani, politologue, explique la genèse des manifestations par « l'effet Wikileaks ». Ce site internet aurait joué « un rôle dans le déclanchement de ces révolutions. Les diplomates étrangers parlent de mafia et de régimes autoritaires. Ce regard extérieur a été un élément déclencheur dans ces crises.» Ainsi, le fait que des personnes hauts placés étrangers critiquent certains Etats aurait encouragé les mouvements révolutionnaires. Ils ont été également motivés par une « échéance électorale », qu'elles soient législatives ou présidentielle, comme l'a souligné Basma Kodmani. Deux enjeux sont alors à noter d'après elle : le démantèlement ou le renouvellement des régimes politiques. En définitive, soit le gouvernement change totalement de direction, soit une transition sera faite mais en préservant le fondement politique actuel.Tunisie et Egypte _ Basma Kodmani a comparé les crises égyptiennes et tunisiennes, même si les deux sont des mouvements de la rue. Mais en Tunisie, « il n'y avait pas de directions, de leaders, de hiérarchies. Aucune figure ne parlait au nom de tous. » Ils n'ont pas seulement demandé « le départ de Ben Ali, de ses proches et d'hommes politiques mais ils ont également réclamé une remise en cause le système politique du pays», a expliqué Basma Kodmani, écrivain. Alors qu'en Egypte, les manifestants doivent faire face « à un système politique plus sophistiqué. Le pays peut alors développer une stratégie plus fine», a insisté la politologue._ Jeunes _ Lors de la conférence de presse, Basma Kodmani a expliqué que « les jeunes ont déclenché le mouvement en Egypte à travers les réseaux sociaux. Puis, ils l'ont ramené dans la rue. » D'après elle, l'élite tente de « prendre le mouvement populaire » à son compte, mais les jeunes sont une « génération qui rejette les compromis. » A noter que la société égyptienne est dominée par les plus de 60 ans dans tous les domaines, selon l'écrivain. Basma Kodmani a expliqué également « qu'il n'y a jamais eu autant de jeunes de 20 ans en Egypte. » Pour elle, le pays a besoin d'eux._ Ils doivent désormais intégrer les partis politiques mais « en position de force » pour continuer à faire entendre leur voix. En clair, « ils doivent prendre les choses en main », a insisté Basma Kodmani. _ Les Frères Musulmans _ Même si, le mouvement a débuté avec les jeunes, les Frères Musulmans ont été également très présents dans les manifestations. Mais, ils ont été « débordés par le mouvement », a confié la politologue. Depuis plus de cinq ans, ils sont dans une impasse de choix et d'orientation politiques. Deux opinions s'opposent à leur sujet. Certains estiment, qu'ils ne représentent pas une force dominante, alors que d'autres pensent qu'ils ont une place à prendre sur l'échiquier politique égyptienne. « Si les Frères Musulmans font partis du gouvernement, il y aura un pluralisme en Egypte » et cela permettra de « renouveler le système », a expliqué la spécialiste du monde arabe. _ Pour elle, les Frères Musulmans doivent s'engager à « ne présenter aucun candidat à l'élection présidentielle », à ne pas supprimer « l'égalité entre les hommes et les femmes », à garder la neutralité de l'Etat vis-à-vis de la religion et à ne pas imposer la charia. Les autres forces politiques « doivent se mobiliser pour contrer les Frères Musulmans », a conclu la politologue. _ La transition sera négociée par l'équipe actuelle sans Hosni Moubarak qui représente « un fardeau et un verrou psychologique ». Il n'a plus de fonctions pour Basma Kodmani. Désormais, les manifestants sont assez loin d'obtenir « un démantèlement du régime politique ». La politologue espère la formation d'une Etat de Droit, l'organisation d'élections démocratiques. Elle a conclu par « on a eu tort de croire qu'Hosni Moubarak partirait ». Mais si un jour, il quitte le pouvoir, elle l'imagine profiter de sa retraite paisiblement en Egypte ou en Allemagne. Florence Mallégol

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