Les Ougandais, dirigés depuis 25 ans par le même régime, perdent patience et sont mûrs pour un possible soulèvement populaire comme en Egypte, estime dans un entretien à l'AFP Kizza Besigye, le principal rival du président sortant Yoweri Museveni à la présidentielle du 18 février.
"Je ne peux pas vous dire combien d'Ougandais suivent les événements internationaux, en Egypte ou ailleurs, mais ils n'ont pas besoin de le faire car les conditions sont les mêmes en Ouganda", a déclaré M. Besigye, 54 ans.
Ce dernier affrontera le président Museveni, au pouvoir depuis 1986, pour la troisième fois lors de l'élection présidentielle du 18 février.
Il avait été battu en 2001 et 2006 lors de scrutins marqués par des fraudes et des mesures d'intimidation de l'opposition, selon des observateurs internationaux et des organisations de défense des droits de l'homme.
Les soulèvements populaires en Afrique du nord (Tunisie, Egypte) démontrent que des populations désespérées peuvent se révolter sans y être incitées par le personnel politique, estime en substance M. Besigye, régulièrement accusé de multiplier les prédictions alarmistes sur les risques de violences dans son pays.
"Le gouvernement devrait comprendre que ce n'est pas l'opposition qui provoquerait des violences ou des manifestations.C'est le gouvernement qui a créé ces conditions d'oppression et de découragement, cet état de frustration, le chômage, qui peuvent mener à la violence", a-t-il assuré.
Le mouvement de contestation qui a entraîné la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier a provoqué une onde de choc dans plusieurs pays arabes, notamment en Egypte, mais n'a pas eu la moindre conséquence à ce jour en Afrique sub-saharienne.
Des centaines de milliers d'Egyptiens ont à nouveau appelé mardi au départ du président Hosni Moubarak à la faveur des manifestations les plus importantes depuis le début de leur mouvement entamé le 25 janvier.
Dimanche, M. Museveni a réaffirmé qu'"il n'y aura jamais de violences électorales en Ouganda", dans un communiqué faisant écho aux récentes mises en garde des services de sécurité ougandais sur la tolérance zéro pour les "fauteurs de troubles".
Mais pour M. Besigye, la répression de rassemblements pacifiques de l'opposition ne fait que retarder et aggraver une possible révolte populaire.
"La brutalité de l'Etat réprime les gens jusqu'à ce qu'ils explosent.Et quand ils explosent, aucune répression ne peut les arrêter", prédit M. Besigye.
En 2007, d'importantes manifestations s'étaient déroulées à Kampala contre le projet du gouvernement de vendre des parcelles d'une forêt à l'industrie sucrière.En 2009, des rassemblements de partisans d'un souverain traditionnel avaient été réprimés dans le sang, faisant au moins 15 tués selon la police.
Depuis, les autorités ont empêché, parfois violemment, la tenue de manifestations politiques dans la capitale, dont celles récentes organisées par M. Besigye pour protester contre le travail de la commission électorale qu'il juge partiale.
M. Besigye avait rejoint en 1982 la rébellion ayant porté Museveni au pouvoir en 1986.Médecin personnel de Museveni jusqu'en 1986, il a occupé ensuite plusieurs postes ministériels puis de hautes responsabilités gouvernementales et militaires avant d'être écarté par le régime en 1999 après avoir publié une lettre critique du bilan des treize premières années au pouvoir de M. Museveni.
A la question de savoir s'il se joindrait à un mouvement similaire à celui du Caire, l'opposant acquiesce: "si les gens manifestent pour les bonnes raisons, je les soutiendrai".
Et d'ajouter que si le vote du 18 février est libre et transparent, il emportera de toute façon l'élection: "en termes de soutien populaire, cela ne fait pas de doute".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.