Ali, 45 ans, est l'un des 150.000 réfugiés venus de la région du Nil Bleu, au Soudan voisin, qui ont trouvé asile dans le comté de Maban, dans le nord-est du Soudan du Sud.
Ils ont été frappés par les plus fortes inondations qu'ait connues la région depuis des décennies.
Les inondations sont habituelles en Afrique de l'Est en cette saison, mais un phénomène climatique centré sur l'océan Indien, d'une puissance jamais observée depuis des années, a provoqué dernièrement des pluies dévastatrices.
Ces pluies ont eu des conséquences mortelles en Somalie, au Kenya, en Tanzanie et en Ethiopie.Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près d'un million de personnes ont été affectées par les inondations au Soudan du Sud.
Le comté de Maban est l'une des zones les plus durement touchées.L'eau commence à peine à se retirer, mais les maisons submergées et les récoltes endommagées portent témoignage des dégâts causés.
"Quand l'eau est arrivée, j'ai pris tous mes enfants et trouvé refuge dans une école proche", explique à l'AFP un Ali abattu.Mais quand les cours ont repris, sa famille et lui ont dû quitter les lieux.
"Nous essayons de construire des abris et nous les recouvrons avec des bâches de plastique distribuées par le HCR", raconte-t-il."Nous attendons que l'eau s'assèche pour pouvoir aller chercher du chaume afin de bâtir un meilleur abri pour nos enfants."
Ali vit dans l'un des quatre camps de réfugiés du comté accueillant ceux qui ont fui les combats dans la région du Nil Bleu, où des rebelles s'opposent à Khartoum depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011.
- Crainte des maladies -
La communauté sud-soudanaise locale a également été rudement touchée par les inondations, qui ont fait six morts à Maban selon le HCR.
"Ils n'avaient jamais vu d'inondations aussi sévères depuis 1984", relève Malar Maharajah Smith, une haute responsable du HCR à Maban.
L'agence onusienne estime que dans le pays, qui subissait déjà l'une des plus graves crises humanitaires au monde, en raison de la guerre civile déclenchée en 2013, environ 600.000 personnes ont besoin d'une aide humanitaire immédiate.
Les flots ont aussi détruit des latrines et contaminé des puits d'eau, faisant craindre l'apparition de maladies transmises par l'eau.
Selon l'ONU, il faudra 61 millions de dollars (55 MEUR) pour faire face aux dégâts commis par les inondations.
Dans le même camp, Mukbulah Saleh, 25 ans, patauge dans l'eau, avec dans une main ses chaussures et dans l'autre une poêle contenant quelques provisions.
"Nous n'avons rien pour faire cuire le peu de nourriture que j'ai, parce qu'il est trop dangereux d'aller dans la forêt pour ramasser du bois, l'eau étant encore partout", dit-elle.
L'eau a tout de même apporté une bénédiction: les poissons.Des habitants se réveillent ainsi à l'aube pour tenter d'en attraper, presque sur le pas de leur porte, armés de bâtons, de lances ou de moustiquaires.
"Ces inondations étaient venues nous tuer, mais Dieu était en notre faveur et à la place il nous a apporté des poissons", se félicite un autre habitant, Abdul Gasim Dafala, en montrant fièrement sa prise du jour.
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