Dans une atmosphère lourde, le chef de l'Etat a salué "treize destins français", devant quelque 2.500 personnes, dont les familles des victimes, et plusieurs responsables politiques.
Militaires, anciens combattants, anonymes...des milliers de personnes s'étaient d'abord réunies sous un soleil radieux et dans un froid cinglant pour voir passer le cortège sur le Pont Alexandre III, avant qu'il ne pénètre dans l'enceinte qui accueille depuis le XVIIe siècle vétérans et blessés de guerre.
Les cercueils drapés des couleurs nationales ont ensuite été portés par les camarades des soldats tués, au son des tambours, au coeur de la cour pavée avant d'être disposés devant le président.
M. Macron a égréné un à un leurs noms et leurs parcours, le ton grave, saluant le "courage" et les "qualités humaines" de ces hommes qui ont trouvé la mort dans la collision de deux hélicoptères lors d'une opération de combat, dans le nord-est du Mali.
"Je m'incline devant leur sacrifice", "ils sont morts pour nous tous", a déclaré Emmanuel Macron."Ils sont morts en opération, pour la France, pour la protection des peuples du Sahel, pour la sécurité de leurs compatriotes et pour la liberté du monde, pour nous tous qui sommes là".
Tous ont été faits Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.
- Electrochoc -
Le président malien Ibrahim Boubacar Keita assistait à la cérémonie, de même que les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, le Premier ministre Edouard Philippe, et les responsables des principaux partis politiques.
Margot Louvet, 23 ans, venue de Gap (sud-est), arborait sur son tee-shirt la photo officielle, sur fond bleu blanc rouge, de son meilleur ami décédé, Antoine Serre, 22 ans, du régiment de chasseurs de la ville.
"C'était une perle, le plus gentil, le plus généreux", a-t-elle déclaré à l'AFP avant la cérémonie, en réprimant des sanglots."Être ici, c'est une façon de faire le deuil, de réaliser qu'il ne rentrera pas".
Le lourd bilan humain de ce drame, qui laisse treize orphelins de père, a fait l'effet d'un électrochoc en France, dont l'armée n'avait pas subi de telles pertes depuis l'attentat contre le QG français Drakkar à Beyrouth en 1983, qui avait fait 58 morts.
Leur mort a également relancé les questions autour de l'engagement français au Sahel, où la situation sécuritaire ne cesse de s'aggraver, même si seul le patron de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon réclame ouvertement le retour des troupes.En revanche, presque six Français sur dix (58%) sont favorables au maintien de l'opération, selon un sondage IFOP publié lundi.
- Eloge funèbre -
Les deux hélicoptères sont entrés en collision alors qu'ils appuyaient des commandos parachutistes qui avaient repéré des pick-up suspects dans la zone frontalière avec le Niger et le Burkina Faso, une région servant de repaire à des groupes jihadistes affiliés à l'Etat islamique (EI) ou Al-Qaïda. Aucun des occupants n'a survécu.
Les 13 soldats tués, tous officiers et sous-officiers, servaient au 5e régiment d'hélicoptères de combat (5e RHC), au 4e régiment de chasseurs (4e RCH), au 93e régiment d'artillerie de montagne (93e RAM) et à la Légion étrangère, tous représentés à la cérémonie.
L'opération française Barkhane mobilise 4.500 hommes dans la bande sahélo-saharienne, une étendue vaste comme l'Europe, pour lutter contre les groupes armés.Mais après six ans de présence ininterrompue, et 41 morts côté français, l'horizon est de plus en plus plombé.
Les violences jihadistes persistent dans le nord du Mali et se sont propagées au centre du pays ainsi qu'au Burkina et au Niger voisins.Les pertes sont de plus en plus lourdes pour les armées locales, débordées.
Emmanuel Macron avait annoncé jeudi vouloir réexaminer la stratégie des forces antijihadistes françaises au Sahel, dans un contexte sécuritaire explosif, et appelé les Européens à s'engager davantage à leur côté.
"Le contexte que nous sommes en train de vivre au Sahel nous conduit aujourd'hui à regarder toutes les options stratégiques", avait-il lancé.
Le combat de la France au Sahel "relève du temps long", a fait valoir pour sa part dimanche la ministre des Armées Florence Parly.Mais responsables et experts conviennent qu'il n'y aura pas d'issue à ce conflit par la seule force des armes et sans action politique, alors que se propagent le jihadisme et les violences qui ont déjà fait des milliers de morts.
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