Les manifestants ont commencé d'affluer par milliers place Tahrir au Caire pour faire de vendredi une journée de mobilisation massive contre le président égyptien Hosni Moubarak, qui a provoqué leur colère en s'accrochant à son poste malgré la forte pression.
Parallèlement, le conseil suprême des forces armées s'est réuni le matin et va adresser un "important communiqué au peuple", a annoncé l'agence Mena.L'armée, épine dorsale du régime, est déployée aux entrées de la place Tahrir, symbole de la contestation contre M. Moubarak, en place depuis 30 ans.
Les protestataires, qui réclament aussi bien le départ du président que celui de son vice-président Omar Souleimane, espèrent que la mobilisation sera d'une ampleur sans précédent depuis le début du mouvement de contestation le 25 janvier.
Des grèves lancées ces derniers jours et suivies par des dizaines de milliers de travailleurs en Egypte augmentent les chances de manifestations monstres vendredi, jour férié en Egypte.
"Trente ans après, on est fatigué de l'écouter, tout ce qu'on veut entendre c'est qu'il va partir", dit Mohammad Ibrahim, un instituteur de 42 ans d'Alexandrie (nord), venu se joindre place Tahrir aux milliers de manifestants qui ont commencé à s'y rassembler le matin au 18e jour de la révolte.
Alors que pendant des heures jeudi soir, un départ imminent du président avait fait l'objet d'intenses spéculations alimentées par l'annonce de l'armée qu'elle soutenait les "demandes légitimes du peuple", le chef de l'Etat a annoncé qu'il déléguait ses prérogatives au vice-président mais qu'il restait de droit président jusqu'à la fin de son mandat en septembre.
Le président américain Barack Obama a estimé que ce transfert de pouvoirs n'était pas suffisant et jugé que M. Moubarak ne s'était pas adressé clairement à l'Egypte et au monde, alors que d'autres capitales appelaient à une transition immédiate du pouvoir.
"J'ai décidé de déléguer au vice-président les prérogatives du président de la République conformément à ce que prévoit la Constitution", a déclaré M. Moubarak, sans annoncer sa démission.
"Je suis conscient du danger que représente cette croisée des chemins et cela nous impose de faire passer d'abord les intérêts supérieurs de la nation", a-t-il dit."La transition du pouvoir va d'aujourd'hui à septembre", a-t-il ajouté, en référence à la date de la présidentielle à laquelle il a promis de ne pas se présenter.
Cette annonce de transfert de prérogatives a créé la confusion sur sa réelle signification même si l'ambassadeur d'Egypte à Washington, Sameh Choukri, a ensuite expliqué sur CNN que le vice-président Omar Souleimane était désormais le "président de facto" d'Egypte.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch, en revanche, a estimé que M. Moubarak n'avait annoncé que des "changements cosmétiques".
L'article 82 de la Constitution stipule que le président a le droit, s'il est empêché pour une raison quelconque et pendant une période donnée d'exercer ses fonctions, de déléguer ses prérogatives à son vice-président à l'exception de celles lui octroyant le droit de modifier la Constitution, de dissoudre le Parlement et de limoger le gouvernement.
Les quelque 200.000 manifestants rassemblés jeudi soir place Tahrir ont fait éclater leur colère lors du discours de M. Moubarak, après l'euphorie alimentée par les spéculations sur son départ.
Des centaines de manifestants ont brandi leurs chaussures en direction de l'écran sur lequel était retransmis le discours du président, geste insultant et méprisant dans le monde arabe, en chantant "A bas Moubarak!Dégage, dégage!".
Aux cris "Souleimane Souleimane, toi aussi dégage"!"Ni Moubarak, ni Souleimane"!, les protestataires ont aussi rejeté un transfert des pouvoirs à M. Souleimane qui a appelé après, M. Moubarak, les manifestants à rentrer chez eux, en s'engageant à "préserver la sécurité" et la "révolution des jeunes".
D'autres ont réclamé que l'armée, déployée en force autour des manifestants, prenne position: "Armée égyptienne, il faut faire un choix, le régime ou le peuple!"
L'opposant égyptien le plus en vue Mohammed ElBaradei a averti, après l'intervention du président, sur le micro-blog Twitter que l'Egypte allait "exploser" et affirmé que l'armée devait intervenir pour "sauver le pays".
Dans son discours, M. Moubarak a annoncé aussi l'amendement de cinq articles controversés de la Constitution et l'annulation d'un sixième.Ces articles imposent notamment des conditions très restrictives de candidature à la présidentielle, ou permettent de se représenter à la présidence sans limitation du nombre de mandats.
Face à l'indignation internationale, M. Moubarak a répliqué qu'il ne se plierait "pas aux diktats étrangers".
Depuis le 3 février, les manifestations se déroulent le plus souvent dans le calme.Des heurts se sont produits entre policiers et manifestants les premiers jours, puis entre pro et anti Moubarak le 2 février.Les violences ont fait environ 300 morts selon un bilan de l'ONU et Human Rights Watch.
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