Pelouse bien tondue, drapeaux déployés et écussons lustrés: le camp militaire français de Port-Bouët s'est fait une beauté pour recevoir le chef de l'Etat dès qu'il sortira de l'aéroport d'Abidjan, tout proche.
Après les honneurs militaires, Emmanuel Macron s'adressera aux quelque 1.000 soldats de la base avant de s'asseoir au milieu d'eux sous une grande tente installée sur le terrain de football pour un dîner préparé par le chef de l'Elysée, Guillaume Gomez, à pied d'oeuvre depuis plusieurs jours.Le menu est traditionnel: pâté en croute et foie gras, volaille des Landes aux morilles, assortiment de fromages de toutes les régions de France, gâteau au chocolat et mandarines corses.
Comme il l'a fait au Niger en 2017 et au Tchad en 2018, le président devrait à nouveau appeler les Français à penser à "nos soldats", qui ont "choisi de s'engager" face à "la menace qui est permanente", selon les mots qu'il avait prononcés sur la base de N'Djamena.
L'an dernier, ce réveillon avec les troupes s'était déroulé en pleine crise des "gilets jaunes", qui avait fortement ébranlé le chef de l'Etat.Cette année, l'atmosphère n'est guère plus à la fête puisque l'exécutif fait face depuis 16 jours à une grève dans les transports qui perturbe fortement les départs des vacances de Noël.
Mais, au camp de Port-Bouët, Emmanuel Macron évoquera surtout le récent drame vécu par l'armée française: la perte de 13 soldats de l'opération Barkhane dans une collision accidentelle entre deux hélicoptères au cours d'une opération antijihadiste au Mali.
Plusieurs soldats ayant participé à cette mission et à d'autres menées au Sahel ont été invités à Abidjan, où ils s'entretiendront avec le chef de l'Etat, accompagné de la ministre des Armées, Florence Parly, et du chef d'état-major des armées, le général François Lecointre.Dans le même temps, son épouse Brigitte rencontrera des familles de militaires déployés en Côte d'Ivoire.
- Un camp comme un sous-marin -
Abidjan abrite l'une des deux bases opérationnelles de l'armée française en Afrique, avec celle de Djibouti.Fortes de 950 hommes, dont 84% sont en mission de courte durée (quatre mois), les Forces françaises en Côte d'Ivoire (FFCI) sont présentes "à la demande des autorités ivoiriennes dans le cadre d'un accord entre les deux pays", explique leur commandant, le colonel Frédéric Gauthier.
Il compare son camp à "un sous-marin" capable "de se déployer dans toute l'Afrique de l'ouest en fonction des besoins", que ce soit pour venir en soutien à une mission de l'armée française, évacuer des ressortissants en cas de crise ou participer à une opération humanitaire.
Les FFCI sont régulièrement mobilisées pour acheminer équipements et marchandises débarquées au port d'Abidjan jusqu'aux bases de l'opération Barkhane, au Niger ou au Mali.Un long trajet de plus d'un mois et de 4.000 km effectué par des convois d'une cinquantaine de véhicules placés sous haute sécurité.
A l'issue de sa visite en Côte d'Ivoire, Emmanuel Macron fera dimanche une étape de trois heures à Niamey pour s'y entretenir avec son homologue, Mahamadou Issoufou, et rendre hommage aux 71 soldats nigériens ayant récemment péri dans l'attaque d'un camp militaire.
Cette courte visite vise à préparer le sommet sur le Sahel prévu le 13 janvier à Pau (sud-ouest de la France) et auquel sont conviés les présidents du G5 Sahel (Niger, Burkina Faso, Mali, Tchad et Mauritanie).
Samedi, Emmanuel Macron et son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, relanceront le chantier de l'Académie internationale de lutte contre le terrorisme, qui veut devenir le centre de formation des acteurs du secteur en Afrique de l'ouest.
Les autorités ivoiriennes sont devenues "extrêmement vigilantes" face à la menace terroriste depuis l'attaque qui avait fait 19 morts dans la station balnéaire de Grand-Bassam en 2016, souligne le colonel Gauthier.
Outre la sécurité, la visite d'Emmanuel Macron sera axée sur la jeunesse et le sport, deux secteurs qu'il a érigés en priorité pour revigorer les relations entre la France et l'Afrique.
En compagnie du footballeur Didier Drogba, ex-idole de l'Olympique de Marseille et Chelsea, il inaugurera samedi une "agora sportive" créée avec l'association française WinWin dans un quartier populaire d'Abidjan.Puis il débattra avec 300 étudiants dans le domaine de la santé, avant de signer des accords bilatéraux, notamment pour le chantier du métro d'Abidjan.
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