Les anti-Moubarak, des irréductibles sur la place Tahrir

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LE CAIRE (AFP)

Les centaines de milliers de manifestants rassemblés sur la place Tahrir au Caire n'en démordent pas: ils ne partiront pas avant le départ du président Hosni Moubarak et pressent la puissante armée de "ne pas lâcher le peuple".

"Ici se déroule la plus grande révolution au monde.L'armée doit immédiatement prendre la décision de faire tomber Moubarak, même par la force", s'exclame Mohamed, 60 ans, à deux pas des tanks postés près du Musée national qui jouxte la place, épicentre de la contestation.

"Armée d'Egypte, ne nous déçois pas", s'égosillait entre-temps une voix à travers un haut-parleur.

Dans une ambiance chargée d'émotion, les protestataires qui défilent sur cette place depuis le 25 janvier contre M. Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans, jurent qu'ils ne bougeront pas, même après que l'armée a exprimé son soutien aux réformes annoncées la veille par le président.

"S'il est déterminé, nous le sommes encore plus.C'est un individu contre 85 millions", assure de son côté Chérif el-Araf, 16 ans.

"Quand il partira, nous partirons", lance Walid Rmeih, 29 ans, licencié en sciences de l'éducation."Nous voulons qu'il soit jugé!", ajoute ce jeune au chômage.

Plusieurs pancartes brandies par les manifestants appelaient à un "procès immédiat" du président égyptien, âgé de 82 ans.

Les manifestants ont connu un moment d'émotion en matinée lorsque, selon des témoins, trois soldats de l'armée égyptienne ont abandonné leurs armes et leurs uniformes pour se joindre à eux.

"Ils se sont joints à la foule en souriant et ont chanté des slogans pour que le régime tombe", a déclaré à l'AFP l'un de ces témoins, Omar Gamal, un étudiant, qui ne cache pas sa joie.

"Il faut que l'armée et le peuple restent main dans la main.L'armée, c'est une garantie de la stabilité", dit-il.

Mais des manifestants rassemblés devant le palais présidentiel lourdement gardé au Caire, et dont la plupart espéraient obtenir le ralliement de l'armée, ont laissé éclater leur colère en apprenant la position des militaires.

L'un d'entre eux a arraché le micro des mains de l'officier qui lisait le communiqué des militaires pour protester.

"Vous nous avez déçus, on avait mis tous nos espoirs en vous", a-t-il crié, tandis que la foule entonnait des slogans réclamant que le président Moubarak soit jugé.

"Non, non, ce n'est pas un coup d'Etat", s'est défendu le colonel en assurant que l'armée ne prendrait pas le pouvoir, mais veillerait à ce que la volonté populaire soit reflétée dans le programme de réformes du régime.

A la place Tahrir, le cheikh dirigeant la prière de vendredi s'est évanoui à la fin de son prêche, après avoir appelé l'armée égyptienne à "agir d'une manière qui soit acceptable devant Dieu le jour du Jugement dernier".

Mais avec ou sans l'armée, les manifestants semblaient vouloir résister jusqu'au bout.

"C'est le peuple qui a fait venir Moubarak au pouvoir, c'est le peuple qui le chassera", assure Mounia, sous son voile bleu.

Dans un communiqué du conseil suprême des forces armées, l'armée a assuré qu'elle garantirait des "élections libres et transparentes", au lendemain de l'annonce par M. Moubarak qu'il déléguait ses prérogatives à son vice-président.

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