Ouverts depuis 07H00 du matin (GMT et locales), les bureaux de vote ont surtout connu une affluence soutenue en début de journée.Ils étaient pratiquement déserts depuis plusieurs heures quand les bureaux ont commencé à fermer à 17H00.
Dans un bureau proche de la présidence de cette ancienne colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest, le dépouillement a aussitôt commencé sous un manguier, à deux pas d'où avaient été installés l'urne en plastique et l'isoloir en carton, a constaté un journaliste de l'AFP.
Il se faisait sur une natte posée à même le sol dans un bureau voisin, aménagé dans un cinéma désaffecté.
Les premières tendances sont attendues en début de semaine.
Le candidat du parti d'opposition Madem, Umaro Sissoco Embalo, a lancé un "appel vibrant" aux 700.000 électeurs pour qu'ils viennent voter, "seule manière" selon lui de "sauver la Guinée-Bissau des 46 ans de malheur depuis l'indépendance".
Cet ancien Premier ministre, arrivé deuxième au premier tour avec près de 28% des voix, a accusé dans la journée la Commission nationale électorale (CNE) de manoeuvrer pour favoriser l'élection de son rival Domingos Simoes Pereira, le chef du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui a viré en tête avec 40,1% des suffrages au premier tour.
"Je souhaite que le résultat soit l'expression de la volonté du peuple guinéen et qu'à partir de là, nous soyons capables de construire la concorde nationale, pour que notre pays puisse démarrer et croître", a déclaré M. Pereira, après avoir voté dans la banlieue de Bissau.
- Le sortant éliminé -
"Il faut voter pour changer les choses.Le prochain président aura la mission de faire marcher le pays", estimait un étudiant en économie de 31 ans, Jair Fernandes Martins.
La stabilité, indispensable pour combattre des maux comme la grande pauvreté, la corruption répandue jusque dans les classes dirigeantes et le trafic de cocaïne, est l'un des grands enjeux après des décennies de crise politique permanente.
Alors que près de 70% de ses quelque 1,8 million d'habitants vivent avec moins de 2 dollars par jour, ce petit pays au climat tropical, abonné aux coups d'Etat depuis son indépendance en 1974, a vécu ces quatre dernières années au rythme des querelles entre le président José Mario Vaz et le PAIGC, dont il est pourtant issu.
M. Vaz n'a terminé qu'à la quatrième place au premier tour et, comme d'autres candidats éliminés, il a apporté son soutien à M. Embalo, le candidat du Madem, une dissidence du PAIGC.
- Des routes et du riz -
Le chef d'état-major de l'armée, le général Biague Na Ntam, a plusieurs fois affirmé que l'armée n'interviendrait pas dans le processus électoral.
"Partout où nous sommes passés, une bonne ambiance règne", a déclaré à la mi-journée sur Twitter le chef de la mission d'observation électorale de la Cédéao, l'ancien Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga.
Le futur président devra "régler le problème des hôpitaux où des femmes enceintes meurent sans être assistées, faute de matériel", "construire des routes" et "diminuer le prix du riz", selon un pêcheur, Moutar Diallo.Il "doit nous donner du travail" car "rien ne marche à Bissau", soulignait un commerçant, Abdoulaye Diallo.
- "Pays martyrisé" -
Les deux finalistes sont issus du sérail politique.
M. Pereira, 56 ans, est un ingénieur en génie civil au large sourire, invariablement coiffé d'un Trilby couleur paille.Après avoir mené son parti à la victoire aux législatives de mars, il promet d'accélérer le développement du pays.
Umaro Sissoco Embalo, un général de brigade de réserve de 47 ans, ancien du PAIGC qui a fait campagne avec un keffieh rouge et blanc noué autour de la tête, appelle tous les Bissau-guinéens, dont beaucoup vivent à l'étranger, à "contribuer au développement de ce pays martyrisé".
S'il est élu, M. Pereira pourra compter sur le soutien du Parlement, contrairement à M. Embalo, qui devra composer avec une assemblée dominée par le PAIGC.
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