Le chef de l'Etat vient même d'envisager pour la première fois publiquement de dissoudre l'Assemblée en cas de crise persistante avec ses partenaires au pouvoir, qui contrôlent le Parlement, avec de solides relais dans les forces de sécurité.
Proche de M. Kabila, la présidente de la Chambre basse, Jeanine Mabunda, lui a fermement répondu de ne pas jouer avec la Constitution, car toute personne "qui méconnaît notre Loi fondamentale" peut être poursuivie pour "haute trahison".
Le 24 janvier 2019, une partie des Congolais et les diplomates poussaient un "ouf" de soulagement: sous pression depuis deux ans, Joseph Kabila remettait les armoiries de la République à l'opposant Tshisekedi, première transition sans effusion de sang depuis l'indépendance en 1960.
Selon les résultats des élections du 30 décembre 2018, Tshisekedi était élu président, et les pro-Kabila conservaient la majorité à l'Assemblée et dans les 26 provinces.Ces résultats ouvraient la voie à une "coalition" entre les deux hommes négociée avant même le jour du vote le 30 décembre 2018.
Mais les deux partenaires ont mis neuf mois à s'entendre sur un gouvernement pléthorique de 67 membres, dont les 2/3 sont des fidèles à Kabila.
L'enjeu portait sur le partage des ministères régaliens et les plus lucratifs, dans un pays où la politique et l'affairisme ne font qu'un, d'après de nombreux experts.
- "Bombe atomique" -
Une éventuelle dissolution de l'Assemblée avant les prochaines élections en 2023 "serait une bombe atomique", avec des "conséquences incontrôlables", estime l'expert Richard Moncrieff du centre de rélexion International Crisis group (ICG)."Tshisekedi a émis des menaces mais son plan A c'est de continuer la coalition avec Kabila", ajoute-t-il.
Habitués à ces jeux politiciens, les Congolais attendent eux de voir les résultats de l'alternance dans leur vie quotidienne, marquée par la pauvreté qui touche 2/3 des quelque 80 millions d'habitants.
"Avec le président on entend toujours des mots , des messages, des promesses, des discours à la Nation, mais les promesses ne se réalisent jamais", regrette à Kinshasa Jean-Yves.
Une commerçante, Gisèle Mbiya, salue tout de même "l'annulation des frais scolaire", en référence à la gratuité de l'enseignement primaire, la principale réforme mise en oeuvre par le chef de l'Etat.
Sur le plan intérieur, "l'apaisement politique et social" est la plus grande réussite du président Tshisekedi, estime un diplomate en poste à Kinshasa.
Ce qui n'empêche pas les autorités provinciales d'interdire parfois des manifestations de l'opposition, comme celle de Martin Fayulu vendredi dernier à Kinshasa.
L'opposant et ex-candidat voulait marcher contre les massacres dans l'Est et la "balkanisation" de la RDC.Il revendique depuis un an la victoire à la présidentielle et accuse MM.Tshisekedi et Kabila d'avoir "fabriqué" des résultats.
- Sortie de l'isolement -
En un an, le pays est sorti de son isolement.Le président a multiplié les déplacements, notamment en Belgique en France et aux Etats-Unis, dont l'ambassadeur à Kinshasa est son premier supporteur dans son rapport de force avec Joseph Kabila.
Il a renoué de bonnes relations avec ses voisins à commencer par le Rwanda et l'Ouganda, pour tenter de ramener la paix dans l'Est de la RDC, où des dizaines de groupes armés entretiennent des conflits de basse intensité.
"Le président Tshisekedi a compris que les questions de l'Est sont en partie des questions régionales", selon l'expert d'ICG.
Il juge cependant "maladroite" l'idée du président de vouloir associer le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi à la lutte contre les groupes armés dans l'Est: "Il a sous-estimé l'hostilité des habitants de l'Est envers les pays voisins".
"Etant donné leur animosité croissante, ces trois pays, s'ils sont invités en RDC, pourraient augmenter leur soutien à des milices ennemies" comme ils l'ont souvent fait, estime ICG dans un rapport à paraître jeudi."Tshisekedi devrait redoubler ses efforts diplomatiques pour apaiser les frictions régionales".
Sous la pression des événements, le chef de l'Etat a tenu sa promesse d'installer l'Etat-major à Beni dans l'Est pour lutter contre le groupe armé d'origine ougandaise des ADF.
Les ADF sont tenus responsables du massacre de 260 civils rien qu'en novembre-décembre, selon une évaluation des Nations unies qui affirme en outre qu'en RDC, "huit millions de personnes ont besoin d'assistance".
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