Au Portugal, ancienne puissance coloniale en Angola, la police a annoncé la mort, sans doute par "suicide", d'un banquier portugais dont le nom apparait dans les "Luanda Leaks", à l'origine de la multiplication des accusations contre Mme dos Santos.Il travaillait pour la banque EuroBic dont Isabel dos Santos est l'actionnaire principale.
Trois administrateurs portugais d'un groupe de télécommunications qu'elle contrôlait ont démissionné jeudi.
De même, le président du conseil d'administration de la Banco de Fomento Angola, Mario Leite da Silva, cité dans l'affaire dos Santos, a démissionné, dans une lettre datée du 20 janvier et dont l'AFP a pris connaissance jeudi.
La milliardaire, surnommée "La princesse", réclamée par la justice angolaise, est également accusée de trafic d'influence, abus de biens sociaux et faux en écritures durant son mandat à la tête du groupe pétrolier public Sonangol, a annoncé mercredi le procureur général d'Angola, Helder Pitta Gros.
Ce dernier s'est rendu jeudi à Lisbonne, où il a rencontré son homologue portugais.Ils n'ont fait aucune déclaration à l'issue de leurs échanges.
"Les allégations portées contre moi ces derniers jours sont extrêmement trompeuses et fausses", a affirmé Isabel dos Santos dans un communiqué publié à Londres.Elle y dénonce "une attaque politique" et se dit "prête à se battre" devant la justice internationale pour se défendre.
Isabel dos Santos a été à la tête de la Sonangol durant dix-huit mois à partir de juin 2016.Elle a aussi dirigé plusieurs autres compagnies publiques angolaises dans les secteurs de la téléphonie et des mines, et a acquis des participations dans d'autres groupes, notamment bancaires, au Portugal.
- banquier retrouvé mort -
Le banquier retrouvé mort à Lisbonne, Nuno Ribeiro da Cunha, était, selon les medias, le gestionnaire des comptes d'Isabel dos Santos qui, selon EuroBic, a l'intention de vendre sa participation dans la banque.
Les détails des malversations présumées d'Isabel dos Santos ont été révélés par les "Luanda Leaks" publiées dimanche par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ).
Ces journalistes ont exploité une fuite de 715.000 documents, entendant révéler "comment une armée de sociétés financières occidentales" ont aidé cette femme de 46 ans "à cacher des avoirs aux autorités fiscales", accumulant selon le consortium de manière frauduleuse une fortune estimée à 2,1 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros).
Les avoirs d'Isabel dos Santos et de son époux Sindika Dokolo, ont été gelés en Angola, deuxième pays producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne, dont un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), au pouvoir à Luanda, "soutient et encourage la lutte en cours contre la corruption et l'impunité qui est un impératif national", a déclaré à l'AFP son porte-parole, Albino Carlos.
Le principal parti d'opposition, l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita) a estimé lui que face à une "corruption devenue inacceptable", le procureur agit "dans le cadre du fonctionnement normal des institutions judiciaires".
Celle qui fut proclamée première milliardaire d'Afrique par le magazine américain Forbes en 2013, avait dénoncé dès lundi auprès de BBC Afrique une "chasse aux sorcières", destinée à les discréditer, elle et son père.
- Les "facilitateurs" -
"Ma +fortune+ est née de mon caractère, mon intelligence, éducation, capacité de travail, persévérance", avait-elle poursuivi sur son compte Twitter.
Son avocat avait également réfuté les accusations de l'ICIJ et dénoncé auprès du journal britannique The Guardian une "attaque parfaitement coordonnée" par l'actuel président angolais Joao Lourenço, ancien lieutenant de José Eduardo dos Santos, qui lui a succédé en 2017.
Les révélations du Consortium ont également illustré le rôle de "facilitateurs" joué par de grands cabinets comptables, qui ont tous travaillé pour les Dos Santos à un moment donné, notamment PricewaterHouseCooper (PwC), KPMG, EY et Deloitte, ou des sociétés de conseil comme Boston Consulting Group (BCG).
La justice angolaise a assuré mobiliser "tous les moyens possibles" pour ramener en Angola et y juger Isabel dos Santos, qui vit essentiellement entre Londres et Dubaï.
Selon le parquet, la justice a indentifé dans cette affaire cinq suspects, dont Isabel dos Santos, qui vivent à l'étranger."Pour le moment, le problème c'est de leur notifier leur mise en accusation et d'obtenir leur retour volontaire en Angola", a assuré le procureur Gros.
"Isabel dos Santos n'a pour le moment jamais manifesté la volonté de collaborer avec les autorités angolaises", a souligné le procureur.
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