Les débarquements massifs de Tunisiens sur la petite île italienne de Lampedusa se sont poursuivis dimanche, suscitant l'inquiétude de Rome qui a lancé un appel à l'aide internationale pour affronter la crise et veut déployer ses policiers en Tunisie.
"Je demanderai au ministre tunisien des Affaires étrangères l'autorisation pour nos forces d'intervenir en Tunisie pour bloquer les flux.Le système tunisien est en train de s'écrouler", a déclaré le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni au journal télévisé TG5.
Le porte-parole du gouvernement tunisien a qualifié cette idée d'"inacceptable", plus tard dans la soirée sur la chaîne de télévision Al-Arabiya.
M. Maroni, membre de la Ligue du Nord, un parti anti-immigrés et populiste, a également critiqué l'absence d'une action européenne concertée, déclarant que l'UE "a laissé l'Italie seule, comme d'habitude", face au débarquement d'environ 5.000 personnes en cinq jours.
"L'Europe ne fait rien.Je suis très préoccupé et j'ai demandé l'intervention urgente de l'UE car le Maghreb est en train d'exploser.Comme d'habitude, on nous a laissés seuls.Nous gérons l'urgence humanitaire avec la seule protection civile.Une intervention de l'Europe est indispensable", a insisté le ministre.
A Tunis, une source proche du gouvernement a déclaré dans la soirée à l'AFP que les autorités tunisiennes avaient envoyé des renforts pour enrayer le flux des clandestins depuis les côtes tunisiennes vers l'Europe.
A Bruxelles, la Commission européenne a déclaré qu'elle examinait les mesures qu'elle pourrait prendre pour aider l'Italie. La commissaire européenne à la Sécurité Cecilia Malmström "a parlé personnellement hier avec M. Maroni, et elle est parfaitement consciente de la pression exceptionnelle sur l'Italie" que constitue ce débarquement massif, a déclaré une porte-parole de la Commission.
Près de 1.400 personnes sont arrivées à Lampedusa seulement depuis samedi minuit, selon des chiffres des gardes-côtes.
Pour soulager les immigrés, les autorités italiennes ont décidé l'ouverture immédiate du Centre de premier accueil qui avait été fermé en 2009, et un millier de personnes environ y a trouvé tout de suite refuge.
"Il est devenu impossible pour nous de vivre en Tunisie: il y a des violences, des enlèvements, on ne sait plus qui commande, le pays est à la dérive", a déclaré une femme arrivée dans la nuit, qui dit vouloir rejoindre sa famille en France. "Nous avons peur.La révolution de janvier n'a absolument rien changé.Nous voulons trouver du travail en Europe et nous demandons l'aide du peuple italien", a déclaré un jeune homme à la télévision Sky TG-24.
Le gouvernement italien a proclamé samedi l'état d'urgence humanitaire, ce qui permet de prendre des mesures immédiates et de mobiliser rapidement des moyens financiers ."Mais cela ne suffit plus, nous devons mobiliser les pays de la Méditerranée qui ont des navires, des avions et des hélicoptères" pour contrôler la côte tunisienne, a déclaré dans une interview au Corriere della Sera le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini.
M. Frattini a préconisé le "modèle Albanie" pour résoudre le problème des réfugiés tunisiens.Dans les années 90, quand des milliers de réfugiés albanais arrivaient en Italie, Rome a déployé, avec l'accord de Tirana, des navires militaires dans les eaux albanaises, arrêtant ainsi les trafiquants de clandestins.
Le ministre a par ailleurs annoncé dimanche soir une visite éclair en Tunisie lundi après-midi, au cours de laquelle il doit rencontrer le Premier ministre Mohammed Ghannouchi, en marge d'un voyage prévu de longue date en Syrie et en Jordanie.
Le chef de la diplomatie de l'UE, la Britannique Catherine Ashton, doit aussi se rendre en Tunisie lundi.
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