"Ces élections ont été entachées de tellement d'irrégularités (...) et maintenant la justice a prévalu", a lancé Lazarus Chakwera, arrivé deuxième de la présidentielle.
Le leader du Parti du congrès du Malawi (MCP) avait échoué de justesse dans la course à la présidentielle en mai 2019.Seulement 159.000 voix le séparaient du vainqueur Peter Mutharika, au pouvoir depuis 2014.
"C'est un grand jour (...).C'est la démocratie qui a gagné, c'est le Malawi qui a gagné, c'est l'Afrique qui a gagné", a ajouté mardi Lazarus Chakwera qui avait saisi la justice pour obtenir l'annulation de l'élection.
Lundi, la Cour constitutionnelle lui a donné raison, en ordonnant un nouveau scrutin d'ici cinq mois. Seulement 23% des procès-verbaux ont été vérifiés, a justifié la Cour qui a aussi dénoncé l'utilisation "injustifiable" de fluide correcteur blanc pour falsifier des votes.
Lazarus Chakwera a pris la parole mardi devant au moins 10.000 de ses supporters descendus dans les rues de la capitale Lilongwe pour fêter leur victoire judiciaire, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les forces de sécurité n'étaient pas visibles à proximité du rassemblement organisé dans le calme, à quelques kms de la présidence, contrastant avec les violences qui ont émaillé de nombreuses manifestations de l'opposition ces derniers mois et fait au moins deux morts.
"La justice l'a emporté", s'est réjoui un habitant de Lilongwe, Brian Kalinde. "On a démontré que la démocratie fonctionne en Afrique", a réagi un autre partisan de l'opposition, Lameck Hango."Je suis aux anges (...) un nouveau jour se lève sur le Malawi", a dit une étudiante, Laura Banda.
"Nouvelles élections !", a titré le Daily Times."Nul et non avenu", a lancé The Nation en Une, avec une grande photo d'un supporter de l'opposition jubilant, sifflet en bouche et grosse radio sur l'épaule.
Le président Mutharika, qui peut faire appel dans les six semaines à venir, n'avait pas encore réagi mardi.
"Le président n'est pas encore prêt pour faire de déclarations", a simplement expliqué le porte-parole du gouvernement Mark Botomani.
- 'Force de la démocratie' -
Parmi les partisans du pouvoir, la pilule était difficile à avaler, mais le calme prévalait mardi dans le pays.
"Je ne vais pas mentir.Le jugement n'est pas celui que j'attendais ou voulais, mais nous faisons confiance à la justice et devons accepter ce qui a été dit", a réagi Chimpele Tsamwa, un supporter du Parti progressiste démocratique (DPP), au pouvoir.
Dans la capitale, les magasins ont ouvert mardi comme à l'accoutumée. En revanche, la plupart des établissements scolaires qui avaient décidé de fermer les deux premiers jours de la semaine en prévision d'éventuels incidents l'étaient toujours mardi.
Pour l'ancien président du Malawi Bakili Muluzi, l'arrêt de la Cour marque "un moment important dans l'histoire".Elle "a démontré au monde la force de notre démocratie", a-t-il estimé.
Les invalidations d'élection sont rarissimes en Afrique.
En 2017, la Cour suprême du Kenya avait invalidé pour "irrégularités" la réélection du président Uhuru Kenyatta et ordonné l'organisation d'un nouveau scrutin dans les deux mois, une première sur le continent. Au final, Uhuru Kenyatta avait été réélu lors d'un scrutin boycotté par l'opposition.
"Le plus gros travail commence maintenant", a estimé mardi Chikosa Silungwe, avocat de l'opposant malawite Saulos Chilima, arrivé troisième de la présidentielle.
"La grande question maintenant est de savoir si le Malawi va mener à bien ce processus sans précédent", a aussi souligné Michael Jana, professeur de sciences politiques à l'université sud-africaine de Witwatersrand.
Le chef de l'opposition zimbabwéenne, Nelson Chamisa, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, entachée selon lui de fraudes, s'est également félicité de la décision de justice malawite, y voyant un signe de bonne augure pour le continent.
"Pendant trop longtemps, notre continent a été rongé par le fléau d'élections injustes", a-t-il déclaré, saluant un arrêt qui "donne de l'espoir".
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