Le visage de la Tunisie, un mois après la révolution

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_ Le 14 février 2011, les Tunisiens apprennent que leur Chef d'Etat, Zine el-Abidine Ben Ali, est parti en Arabie Saoudite avec sa famille et abandonne ainsi ses fonctions après 30 jours de manifestations réclamant son départ. Un mois plus tard, la joie et la fierté se lisent sur les visages des Tunisiens mais désormais ils attendent une rupture avec l'ancien régime. En séjour en Tunisie, Kamel Jendoubi, président du réseau euro-méditerranéen des Droits de l'Homme, nous livre une photographie de ce pays au lendemain de la révolution populaire. _ Durant trente jours, des milliers de Tunisiens se donnent rendez-vous dans la rue pour demander le départ de Zine el-Abidine Ben Ali, le président du pays. Les manifestants ont trois mots d'ordre, qu'ils clament: «le travail, l'unité, la liberté». Un mois plus tard, ils se sentent plus libres et les médias peuvent s'exprimer comme nous le confie Kamel Jendoubi, président du réseau euro-méditerranéen des Droits de l'Homme: «Les gens se sentent plus libres et surtout se sentent plus fiers. Il y a beaucoup de sourires sur les visages. Les gens ont la liberté de parole. Les journaux s'expriment normalement et sont édités normalement. Il n'y a plus de censure. Les télévisions se sont transformées radicalement, de moyens de propagande de Ben Ali, en moyens de propagande pour la révolution. » _ Quand Kamel Jendoubi se promène dans les rues, il remarque que les portraits de Zine el-Abidine Ben Ali ont été retirés de tous les lieux publics. «Dans le paysage général de la Tunisie, on ne voit plus Ben Ali. Il n'y a plus sa photo, il n'y a plus son visage, il n'y a plus ses paroles. Il n'y a plus ses informations télévisuelles où on ne voyait que lui. Le journal télévisuel en Tunisie consacrait 80 % des informations autour de Ben Ali, le dictateur, ce qu'il fait et ce qu'il ne fait pas. Cela a disparu. C'est un soulagement pour les Tunisiens.» _ Espoirs_ Mais face à cet état d'esprit, les Tunisiens doivent se confronter à la dure réalité de la période post Ben Ali. L'économie peine à reprendre après les manifestations. Les touristes n'ont toujours pas l'opportunité de se rendre en Tunisie. «La vie n'est pas aussi facile qu'à l'époque de Monsieur Ben Ali, il y a un mois. Il y a des difficultés de tous les jours car il y a beaucoup de problèmes sociaux. Tout ce qui a été enfoui pendant des années, ressort dans une espèce de désordre, avec un risque que l'économie marche moins bien. Elle n'est pas à l'arrêt mais elle souffre énormément à cause du conflit», confie le président du réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme._ Les Tunisiens aspirent à une totale rupture avec l'ancien régime et leurs attentes sont grandes. Mais les réformes et les changements prennent du temps à se mettre en place. «Les Tunisiens attendent une rupture radicale avec l'ancien régime, or cela demande du temps, or on est en face d'une impatience. Le sentiment général est que les choses ne se passent pas aussi rapidement, ni aussi radicalement qu'ils l'auraient souhaité», précise Kamel Jendoubi. Mais il rajoute que «le gouvernement a pris un certain nombre de mesures et de décisions qui vont dans le bon sens : l'amnistie, la reconnaissance des partis, le retour des exilés, la libéralisation de l'espace médiatique, la ratification d'un certain nombre de conventions internationales.»_ Craintes _ Un mois après la chute du pouvoir, les Tunisiens sont fiers de leur révolution. D'ailleurs, ils en parlent dans chacune de leurs conversations. Selon Kamel Jendoubi, le peuple reconnaît que «la révolution appartient aux jeunes, aux femmes et au peuple tunisien.» Elle a également permis de rendre une unité aux pays entre les divers milieux sociaux. «Tout le monde dit que c'est aussi une révolution populaire, toutes les couches de la société ont participé à cette révolution. Il y a eu une sorte de reconsidération entre l'intérieur du pays et la côte du pays.» _ Conscients d'être initiateurs d'un mouvement de révolte dans le monde arabe, les Tunisiens craignent qu'on leur vole leur révolution par des proches de Zine el-Abidine Ben Ali car beaucoup d'entre eux sont encore en Tunisie et les rouages de l'ancien régime ne peuvent pas disparaître au bout d'un mois. «Beaucoup craignent que cette révolution leur soit confisquée, par un retour en arrière ou indirectement par le fait que les gens parlent de la révolution et cherchent la contre révolution. Il y a une certaine méfiance. Des gens étaient avec Ben Ali, le servaient, maintenant on les trouve en train de parler de la révolution. Il y a une appréhension par rapport à cela», a indiqué le président du réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme. _ Désormais, des débats populaires doivent être mis en place pour créer la rupture avec l'ancien régime. Cette révolution est le point de départ d'une possible démocratie en Tunisie et les habitants en sont les acteurs. «Les Tunisiens ont l'impression de renaître de nouveau et ils ont envie de construire une nouvelle page», a conclu Kamel Jendoubi._ Florence Mallégol

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