Le président ougandais Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986 et candidat à sa réélection vendredi, a mené une diplomatie active dans la région de nature à satisfaire ses alliés occidentaux, Etats-Unis en tête, et à limiter en contrepartie les critiques contre son régime.
Leader panafricain autoproclamé quand il renverse en 1986 le régime despotique de Milton Obote, l'ex-rebelle n'a eu de cesse de revendiquer sa volonté de combattre en dehors de ses frontières pour des causes justes.
Mais, selon des analystes, les campagnes militaires de l'Ouganda ont surtout eu pour objectif de s'attirer les bonnes grâces de l'Occident.
"Ce n'est que lorsque Museveni a décidé de rester au pouvoir pour un bon moment que son positionnement géopolitique s'est affiné", estime l'analyste politique Godber Tumushabe, installé à Kampala.
Ainsi, le soutien traditionnel des dirigeants ougandais dans la quête d'indépendance des Sud-Soudanais s'est accentué avec Museveni au pouvoir, celui-ci se posant comme le fer de lance de la lutte contre l'islamisme radical en Afrique, selon M. Tumushabe. En envoyant des armes, des équipements et même des troupes pour combattre le régime du président soudanais Omar el-Béchir, qui a abrité pendant les années 1990 Oussama Ben Laden, Museveni s'est imposé comme "le rempart contre le fondamentalisme islamique" de Khartoum, selon l'analyste.
Une politique payante puisqu'en septembre 2008, deux ans après une réélection entachée de fraudes selon la justice ougandaise et des observateurs internationaux, il recevait la bénédiction du président américain George W. Bush, à New York. "Il a été très utile dans la résolution des crises régionales sur le continent africain", avait déclaré M. Bush, en présence de l'intéressé.
Pour l'analyste ougandais Angelo Izama, Museveni a su gagné le soutien américain dans les années 90, en participant activement à la redistribution des cartes dans l'Afrique des Grands Lacs. Le président rwandais Paul Kagame, qui a pris le pouvoir en 1994, a été formé en Ouganda et bénéficiait du soutien actif de Museveni.Les deux hommes ont joué un rôle crucial dans la chute de l'ancien dictateur congolais Mobutu Sese Seko. "L'Ouganda est (alors) devenu un acteur sécuritaire régional dont les intérêts collaient à d'autres intérêts en Afrique centrale", notamment américains, estime M. Izama.
Plus récemment, M. Museveni a su conforter cette stature d'acteur régional incontournable à la faveur de son engagement précoce et inébranlable dans la force de paix de l'Union africaine en Somalie (Amisom). Les troupes ougandaises furent les premières à se déployer à Mogadiscio en mars 2007 et constituent toujours la colonne vertébrale de cette force de 8.000 hommes.
Une fois de plus, Museveni vient combler un vide, l'Union africaine et la communauté internationale ayant échoué à convaincre les poids-lourds du continent (Afrique du Sud, Nigeria) de s'impliquer. Ce nouveau théâtre d'opérations s'inscrit dans la droite ligne de la lutte d'influence contre les islamistes radicaux revendiquée par M. Museveni sur le continent, en l'occurrence, les shebab, qui se réclament d'Al-Qaïda. Mais l'engagement ougandais en Somalie s'apparente surtout "à un projet de survie du régime", selon M. Tumushabe.
Une tactique à double-tranchant: l'engagement ougandais en Somalie est salué par la communauté internationale mais les attentats meurtriers de juillet 2010 en plein coeur de Kampala (76 morts), revendiqués par les shebab, ont alimenté les récriminations de l'opposition et les craintes de la population.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.