Le produit intérieur brut (PIB) du pays s'est contracté de 1,4% au quatrième trimestre 2019, après une baisse de 0,8% au troisième trimestre, a annoncé mardi l'Office national des statistiques (StatsSA).
"L'Afrique du Sud est entrée dans sa troisième #récession depuis 1994", l'année de la fin du régime de l'apartheid, a précisé l'institution, la deuxième récession depuis l'arrivée au pouvoir de Cyril Ramaphosa en 2018.
Le pays avait enregistré sa première récession post-1994 lors de la crise mondiale de 2008-2009.
Sur l'ensemble de l'année 2019, l'Afrique du Sud a enregistré une croissance de 0,2%, la plus faible depuis la tempête financière qui a balayé la planète, selon StatsSA.
Depuis des années, le pays semble englué dans une crise qui se manifeste par une croissance molle, la détérioration des finances publiques, le chômage de masse (29,1%) et, plus récemment, des pannes d'électricité à répétition.
Les chiffres de la croissance "ne sont pas plaisants mais en même temps ils ne peuvent en aucun cas être un choc ou une surprise car les signes étaient là", a réagi mardi M. Ramaphosa, citant les délestages et "leur impact sur la production".
"Nous avons besoin d'un approvisionnement fiable et durable" en électricité, a-t-il insisté, soulignant "le besoin urgent de continuer" les réformes engagées par son gouvernement, notamment la libéralisation du marché de l'énergie.
- Anticipation de l'arrivée du coronavirus -
Le groupe public Eskom, qui croule sous une dette abyssale de 26 milliards d'euros, fournit actuellement plus de 90% de l'électricité du pays.
Le gouvernement tablait encore la semaine dernière sur une croissance de seulement 0,9%.Mais M. Ramaphosa a mis en garde mardi contre l'impact économique négatif de l'épidémie de coronavirus partie de Chine.
Ce n'est qu'une question de temps avant que des cas soient déclarés en Afrique du Sud, a-t-il estimé."On va être affecté assez négativement" sur le plan économique par la propagation du virus Covid-19, a-t-il prévenu.
Dans ce contexte, les prévisions de croissance du gouvernement "semblent aujourd'hui trop optimistes", a estimé l'économiste Raymond Parsons, de l'université du North West.
"Pour 2020, la croissance devrait être de l'ordre de 0,6%", et non de 0,9%, a-t-il anticipé.
Au quatrième trimestre 2019, les "principaux freins de l'activité" ont été les transports (-7,2%) et le commerce (-3,8%), selon StatsSA.
La construction et l'agriculture, qui souffre d'une longue sécheresse, ont elles aussi plombé l'économie sud-africaine, que Cyril Ramaphosa promet depuis deux ans de relancer.
Mais jusqu'à présent, l'ex-syndicaliste reconverti en capitaine d'industrie essuie échec sur échec.
- Entreprises publiques "zombies" -
De nombreuses entreprises publiques sud-africaines traversent de graves difficultés, conséquences d'années de mauvaise gestion et de corruption sous la présidence de son prédécesseur Jacob Zuma (2009-2018).
Outre les difficultés du groupe Eskom, la compagnie aérienne South African Airways (SAA) a été placée en redressement pour éviter la faillite.Elle a depuis fermé une dizaine de destinations et doit annoncer prochainement un plan social.
Pour le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), la récession est "en grande partie" liée à "l'échec du gouvernement" en matière de libéralisation de la production de l'électricité, aux "plans de sauvetage permanents d'entreprises publiques zombies et au niveau intenable" de la dette.
Pour la DA, la solution passe par "la libération de l'économie du poids mortel d'un Etat défaillant".
A l'inverse, le parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF, opposition), a pointé du doigt "les politiques néo-libérales de Cyril Ramaphosa" qui "aggravent" la situation économique.
Avec son entrée en récession, l'Afrique du Sud se retrouve plus que jamais sous la menace d'une dégradation de sa note financière par l'agence Moody's, la seule des trois grandes à ne pas l'avoir encore dégradée au rang d'investissement spéculatif.
Fitch and S&P l'ont reléguée dans cette catégorie dès 2017.
Une telle sanction pourrait causer un exode des investisseurs et accroître la pression sur la devise locale.
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