Un million d'euros dérobés lors d'une prétendue prise d'otage d'un employé de la Brink's : la cour d'assises spéciale de Paris juge depuis lundi une affaire de vraie-fausse attaque à main armée, destinée, selon l'accusation, au financement du terrorisme.
Quatre hommes considérés comme proches de la mouvance islamiste radicale comparaissent jusqu'au 2 juillet devant cette cour composée de magistrats professionnels.Un cinquième, Abdelnasser Benyoucef, 37 ans, considéré comme le cerveau, est jugé par défaut, ayant fui en Algérie peu après l'opération, en 2004.
Selon l'accusation, Benyoucef aurait des liens avec le Groupe islamiste des Combattants marocains (GICM), groupe salafiste lié à Al-Qaïda, soupçonné d'avoir commandité les attentats de Casablanca (45 morts le 16 mai 2003) et d'être impliqué dans ceux de Madrid (191 morts le 11 mars 2004).
L'affaire remonte au 1er mars 2004.Un million d'euros sont dérobés dans divers coffres et distributeurs automatiques de billets (DAB) d'agences bancaires de Seine-Saint-Denis.L'argent ne sera jamais retrouvé.
Hassan Baouchi, qui était chargé de la maintenance des DAB, prétend avoir été enlevé et séquestré pendant sa tournée par trois malfaiteurs, qui l'auraient contraint à leur remettre les fonds.
Mais un converti à l'islam, Fred Gustave, interpellé dans une procédure distincte liée à des faits terroristes, avoue aux enquêteurs que la prise d'otage a été inventée de toutes pièces, et que Baouchi est en fait co-auteur du vol, avec Zine Eddine Khalid et Abdelnasser Benyoucef.
Hassan Baouchi reconnaîtra alors sa participation au vol, avant de se rétracter un an plus tard.
Il est le frère de Mustapha Baouchi, considéré comme l'ancien chef de la cellule française du GICM - aujourd'hui démantelée -, et condamné à dix ans de prison en 2007 pour avoir participé au soutien logistique des auteurs des attentats de Casablanca.
Un autre des frères Khalid, Redouane, fut pour sa part un temps détenu dans la base américaine de Guantanamo.
Abdelnasser Benyoucef, 37 ans, Hassan Baouchi, 29 ans, et Zine Eddine Khalid, 47 ans, - ces deux derniers incarcérés à Fleury-Mérogis et Villepinte - sont poursuivis pour "vol en bande organisée", "association de malfaiteurs à visée terroriste" et "financement du terrorisme", crimes passibles de 20 ans de réclusion criminelle.
Fred Gustave, 41 ans, et Djamel Khalid, 50 ans, frère de Zine Eddine, qui auraient caché pendant plusieurs semaines une partie du butin, comparaissent libres pour "recel du produit d'un vol en bande organisée" et "association de malfaiteurs à visée terroriste".Ils encourent 10 ans.
Me Isabelle Coutant Peyre, avocate de Djamel Khalid, a contesté sans succès la compétence de la cour spéciale.Selon elle, le juge d'instruction a appliqué "un critère : ces hommes sont tous des musulmans" pour "décider qu'ils avaient des objectifs terroristes".
Les demandes de mise en liberté faites par la défense d'Hassan Baouchi et Zine Eddine Khalid, tous deux en détention provisoire depuis 2004, ont également été rejetées.
La présidente, Laurence Turbe-Bion, a estimé que leur maintien en détention était "l'unique moyen d'empêcher une concertation frauduleuse avec les co-accusés et les témoins".
Elle a également évoqué les risques de fuite à l'étranger de Baouchi, qui est Franco-Marocain, et de Zine Eddine Khalid, qui est Algérien, au regard de la peine encourue.
Ce dernier a déjà été condamné à six ans d'emprisonnement dans l'affaire des "filières tchétchènes", qui auraient préparé en 2001-2002 un attentat à Paris.Il a, selon son avocat, fini de purger cette peine.
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