La vague d'immigrants tunisiens qui a déferlé sur Lampedusa a compliqué la vie de la petite île italienne mais les relations avec la population locale sont restées cordiales en dépit de toutes les difficultés logistiques.
"Je suis sortie dans la rue et les Tunisiens ont été très polis.Ils m'ont salué et m'ont même proposé de m'aider à porter mes sacs", raconte une habitante italienne de Lampedusa.
"Merci Lampedusa!" et "Hourra pour l'Italie", proclamaient des banderoles déployées par de jeunes Tunisiens défilant dans les rues de cette île de 6.000 âmes.
Ces arrivées massives, près de 5.500 personnes depuis une semaine, ont cependant mis à rude épreuve les structures d'accueil de Lampedusa et d'Italie, et ont détourné les yeux de l'opinion publique des difficultés économiques des habitants de l'île, assurent ces derniers.
"Nous sommes des gens pacifiques mais peut-être doit-on nous aussi faire une révolution comme en Tunisie?", interroge sur un ton provocateur Ferdinando Mannino, un pêcheur de 62 ans."Je vis avec 270 euros par mois.Je pense que c'est pire que ce qui se passe en Tunisie", dit-il, ajoutant qu'il a été obligé de déménager dans un logement social car il ne pouvait pas réparer le toit de sa maison.
"Il ne reste plus rien pour notre industrie de la pêche.Les bateaux tunisiens viennent dans nos eaux et pêchent tout le poisson et ils nous chassent même de ces eaux", se plaint Ferdinando Mannino, ce qui ne l'empêche pas d'entamer une discussion cordiale avec Nizar Ben Ammar, un Tunisien de 30 ans arrivé à Lampedusa il y a une semaine.
Les pêcheurs italiens ont manifesté lundi à Lampedusa, brandissant une grande pancarte qui demandait "Aidez les pêcheurs!Aidez-nous comme vous aidez les immigrés!".
A la différence des pêcheurs, les propriétaires des bars, cafés, supermarchés et autres magasins de vêtements de Lampedusa regretteront les Tunisiens, en passe d'être évacués.Car en dépit de leurs maigres moyens ils dépensent quand même un peu d'argent sur place, alors que les touristes sont absents en cette période de l'année.
Face aux problèmes de l'industrie de la pêche, la petite île de 20 km2 a décidé de se tourner vers le tourisme et pour cette raison les autorités locales cherchent à faire partir les immigrés le plus rapidement possible.
"Les tours opérateurs ne souhaitent pas que Lampedusa soit perçue comme une terre d'accueil pour les immigrés.Quand nous avons fermé en 2009 le centre d'accueil, nous avons eu tout de suite une hausse de 20% du chiffre d'affaire du tourisme", explique le maire Bernardino De Rubeis.
"D'un point de vue humain, je suis toujours pour l'hospitalité, pour la défense des droits de l'Homme.Mais nous ne pouvons pas accueillir tout le monde", ajoute le maire.
L'île, passée entre les mains des Grecs et des Romains puis des Arabes, des Français et des Maltais avant de revenir à l'Italie, a construit un monument intitulé "La porte de l'Europe" consacré à tous les immigrés morts en tentant d'arriver à Lampedusa, plus proche des côtes tunisiennes que du continent italien.
Face aux problèmes provoqués par les débarquements massifs des derniers jours, l'Italie a officiellement demandé à l'UE une aide de 100 millions d'euros et l'élargissement du rôle de Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes.
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