Des réservistes tunisiens rejoignaient mercredi l'armée après leur rappel par le gouvernement de transition qui, inquiet de l'instabilité et du flou sécuritaire à nouveau illustré par l'évasion de dizaines de prisonniers, vient de prolonger l'état d'urgence.
Le ministère de la Défense avait décidé la semaine dernière de rappeler des réservistes partis à la retraite depuis cinq ans et des conscrits, qui étaient convoqués ce mercredi aux centres régionaux de conscription les plus proches de chez eux.
Entre 400 à 500 hommes ont ainsi rejoint dans la matinée leur centre de Bouchocha, dans la banlieue de Tunis, a constaté un journaliste de l'AFP.
Selon l'un d'eux, Mohsen Jaziri, 25 ans, les hommes rappelés devaient être transférés vers des casernes de la capitale pour une formation rapide avant d'être affectés au sein de patrouilles de l'armée.Selon lui, ils devraient être mobilisés pour une période de six mois, éventuellement renouvelable.
"C'est un appel du devoir.(...) Et c'est un honneur pour moi d'y retourner", a déclaré un autre réserviste, Elyas, garagiste de 24 ans.
S'il a levé le couvre-feu mardi, le ministère de l'Intérieur a prolongé l'état d'urgence jusqu'à nouvel ordre "pour éviter tout ce qui peut nuire à la sécurité du pays et assurer la sécurité des citoyens et la protection" des biens.
Le gouvernement de transition est confronté du nord au sud à des actes de pillages, braquages, appropriations illicites de biens, à la menace d'explosion sociale avec des invasions de lieux publics (gouvernorats, administration, police) par des citoyens réclamant une aide ou le départ d'affidés de l'ex-régime et aux risques de déstabilisation.
Plusieurs ministres ont évoqué un "complot" contre la révolution qui, selon eux, serait l'oeuvre de partisans ou hommes de main de l'ex-parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qui noyautent encore administration et police.
Les nouvelles autorités doivent aussi gérer l'exode de clandestins dont des milliers ont rejoint la semaine dernière les côtes italiennes provoquant des tensions avec Rome qui a un temps pensé à demander l'autorisation d'envoyer des policiers italiens en Tunisie.
Depuis le départ de Ben Ali le 14 janvier, c'est principalement l'armée qui mène les opérations de sécurité publique.Comme l'arrestation lundi de six braqueurs qui attaquaient les automobilistes à Kondar (est) ou la dispersion d'une foule qui voulait envahir samedi le gouvernorat de Jendouba (nord-ouest), selon l'agence TAP.Elle encore qui surveille les ports pour éviter l'exode de clandestins comme à Zarzis (sud).
L'armée (45.000 hommes) est adulée par la population pour avoir refusé de tirer sur les manifestants lorsque la contestation contre le président Zine El Abidine Ben Ali battait son plein et pour s'être ensuite portée "garante de la révolution".Contrairement à la police (100.000 hommes), outil de répression de l'ancien régime, honnie par les Tunisiens et désormais peu visible.
Le vide sécuritaire prévalant depuis la chute de l'ancien régime s'est particulièrement illustré mardi après l'évasion de 36 détenus de la prison de Gabes (sud), qui ont réussi à s'enfuir parce qu'ils étaient mal surveillés, selon un responsable de la police locale.
"Ils ont fait un trou dans un mur à l'arrière de la prison puis ont escaladé l'enceinte de la prison et se sont enfuis.Ils ont pu s'échapper parce qu'il n'y avait pas de gardiens", a expliqué mercredi, sous couvert de l'anonymat, ce policier joint au téléphone par l'AFP depuis Tunis.Seize sont toujours en fuite.
Dans la capitale, une centaine de mineurs de la région de Gafsa (centre-ouest) poursuivaient un sit-in entamé il y a 10 jours pour des revendications salariales, tandis que les commerces de plusieurs rues se sont mis en grève contre les vendeurs ambulants qui leur font de la concurrence, selon un photographe de l'AFP.
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