Angolagate/pilotes de Bosnie: un ex-chef d'état-major confirme les dires de Pasqua

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PARIS (AFP)

Un ancien chef d'état-major des armées a livré mercredi un témoignage clef pour Charles Pasqua dans le procès en appel de l'Angolagate, affirmant que l'ancien ministre n'avait pas menti en se réclamant de Jacques Chirac s'agissant des pilotes français otages en Bosnie en 1995.

Constatant que l'affaire était désormais "lointaine", le général Jean-Philippe Douin, 70 ans, a levé un coin de voile sur le secret défense.

Il a évoqué pour la première fois un conseil restreint de défense auquel participaient, selon lui, outre le président de la République, le Premier ministre et les ministres des Affaires étrangères et de la Défense.

A l'époque, Charles Pasqua n'était plus ministre de l'Intérieur.

"Le président Chirac a dit +oui+ à la proposition de Charles Pasqua", qui lui avait offert "les services d'une équipe compétente" pour tenter d'obtenir la libération de deux pilotes dont l'avion avait été abattu fin août 95 au-dessus de la Bosnie, raconte-t-il.

En parallèle à d'autres démarches menées par "la voie normale et officielle", une opération a donc "été montée par M. Pasqua et des hommes qu'il connaissait", ajoute le général.

Il apprendra par la suite que l'ancien préfet Jean-Charles Marchiani faisait partie des personnes "compétentes" évoquées pour cette mission, puisqu'il le rencontrera le jour de la récupération des pilotes, vivants, et qu'ils rentreront tous en France dans le même avion.

Les deux pilotes avaient été libérés en décembre 1995.

Le général Douin a raconté "30 heures" d'une mission préalable menée par ses soins auprès de Ratko Mladic, l'ancien général des Serbes de Bosnie."Comme il buvait beaucoup, il s'écroulait petit à petit", se souvient-il.

Le général Douin "a levé le secret défense", il "confirme la mission que le président de la République m'avait confiée", s'est aussitôt félicité Charles Pasqua.

"Cela fait dix ans que nous sommes traînés dans la boue (...), sa déposition clarifie les choses, nous avons agi conformément à ce que l'on pensait être dans l'intérêt du pays", a-t-il ajouté.

L'ancien ministre de l'Intérieur, ainsi que Jean-Charles Marchiani, ont été condamnés en première instance à de la prison ferme (un an pour le premier, 15 mois pour le second) pour trafic d'influence dans un volet connexe de l'Angolagate, affaire de présumé trafic d'armes vers l'Angola.

Selon l'accusation, ils ont perçu de l'argent, destiné au final aux activités politiques de Charles Pasqua, en échange de l'octroi de la médaille du Mérite à l'homme d'affaires franco-israélien d'origine russe Arcadi Gaydamak.

Charles Pasqua conteste fermement cette version, affirmant que cette médaille a été remise à Gaydamak en reconnaissance de son intervention auprès des services russes dans l'affaire des pilotes.Comme l'homme d'affaires Pierre Falcone, Gaydamak, en fuite, a été condamné à six ans de prison ferme pour trafic d'armes.

L'accusation conteste la réalité de la mission Marchiani, se fondant notamment sur un témoignage du général Pierre-Marie Gallois, décédé l'année dernière, pour qui cette opération hasardeuse avait même failli "faire échouer" la libération des pilotes.

Un autre témoin a quant à lui volé au secours d'Arcadi Gaydamak, présenté comme un mafieux russe simplement, selon lui, parce qu'il était "russe et riche".Gaydamak était "un agent de la DST (contre-espionnage) de longue date (...), il a servi la France et il est loyal", a affirmé Raymond Nart, 78 ans, un ancien responsable de la DST.

D'autres témoins de la défense devaient être entendus dans l'après-midi.

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