Madagascar: Marc Ravalomanana, président déchu mais obstiné

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ANTANANARIVO (AFP)

Chassé du pouvoir il y a deux ans à Madagascar, Marc Ravalomanana, qui vit depuis lors en exil en Afrique du Sud, se considère toujours comme président "démocratiquement élu" et affirme qu'il regagnera son pays samedi, malgré les mises en garde du régime actuel.

"C'est un têtu, il va rentrer", affirme l'un de ses proches.M. Ravalomanana, "traité comme un chef d'Etat en Afrique du sud", est sous le coup d'un mandat d'arrêt dans son pays.

En août 2010, la cour criminelle d'Antananarivo l'a condamné par contumace aux travaux à perpétuité pour meurtre et complicité de meurtre lors de la fusillade du 7 février 2009.

Ce jour-là, au plus fort de la contestation populaire qui finira par le renverser, la garde présidentielle tire sur la foule qui tente de prendre le palais présidentiel, faisant une trentaine de morts.

L'ancien président et ses partisans soutiennent jusqu'à maintenant que les tirs ne venaient pas du palais, et que la tuerie était une machination pour accélérer l'accession au pouvoir de son rival de l'époque Andry Rajoelina.

Le 17 mars 2009, Ravalomanana remet ses pouvoirs à un directoire militaire qui les transmet aussitôt à M. Rajoelina, alors maire de la capitale.Puis il s'envole avec sa famille pour le Swaziland d'abord, l'Afrique du sud ensuite.

"Je n'ai jamais démissionné.Je suis le président démocratiquement élu de Madagascar", a-t-il affirmé jeudi, en même temps qu'il annonçait son retour au pays dès samedi avec la volonté "d'amorcer un réel dialogue, dont (le pays) a désespérément besoin".

Maire d'Antananarivo et candidat à la présidentielle en 2002, M. Ravalomanana avait évincé, grâce à un élan populaire, le président Didier Ratsiraka qui occupait la scène politique depuis près de 30 ans.

En décembre 2006, il avait été élu dès le premier tour de la présidentielle, puis avait quasiment réussi en 2007 et 2008 un grand chelem électoral (référendum constitutionnel, législatives, municipales, régionales, puis sénatoriales).

"Ambitieux", "volontaire", ses partisans vantent son énergie et ses réalisations en termes d'infrastructures durant son mandat.Ses détracteurs dénoncent son autoritarisme, son affairisme et les atteintes aux libertés dans le pays.

En trois ans, cet homme disponible et plutôt timide, devenu de plus en plus inaccessible et autoritaire, a déçu, et n'a pas su concrétiser ses promesses d'ouverture démocratique et de développement économique.

Issu d'une famille paysanne, cet ancien livreur de lait a créé à partir du yaourt un empire agro-alimentaire sans concurrence à Madagascar.

Le "self-made-man", l'un des hommes les plus riches du pays, a profité de sa position pour consolider son assise commerciale et industrielle, mélangeant gestion de l'Etat et intérêts privés.

Sept ans après son accession au pouvoir, la foule redescend dans la rue, cette fois contre lui.La contestation est menée par Andry Rajoelina, qui a remporté en 2007 l'élection municipale à Antananarivo face au candidat du pouvoir.

Agé de 61 ans, marié et père de quatre enfants, Marc Ravalomanana vit aujourd'hui avec sa famille dans la banlieue de Johannesburg.

Depuis son départ, il est en contact permanent avec ses lieutenants qui mènent les négociations de sortie de crise à Madagascar."Je lui parle au téléphone au moins deux fois par jour", affirme l'un d'eux.

Ecarté du dialogue malgacho-malgache qui a lieu sur la Grande île, "il travaille ses relations" et fait du lobbying auprès de la communauté internationale.Il ambitionne toujours de reprendre ses affaires et son entreprise Tiko à son retour.

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