L'épidémie qui a causé 36 morts pour 576 cas dans ce pays pauvre d'Afrique de l'ouest, selon le dernier bilan officiel dimanche, avait entraîné la fermeture du grand marché et d'une quarantaine d'autres dans la capitale burkinabè de 3 millions d'habitants, le 25 mars, deux semaines après l'apparition de la maladie.
"C'est une joie de voir le marché rouvrir ses portes.La situation commençait à être difficile pour nous", réagit Boureima Compaoré, un marchand de pagnes (tissus), venu assister à la réouverture.
En pratique, les boutiques n'ouvriront effectivement que mardi, après la cérémonie officielle, pour donner le temps aux commerçants de reprendre possession de leurs étals.
"Depuis la fermeture, c'était la misère.On vivait au jour le jour, sans aucune économie", explique Souleymane Sawadogo, un vendeur de vêtements."Maintenant nous sommes soulagés.On espère que les clients aussi ne vont pas avoir peur de venir faire des achats" dit-il, affirmant que les commerçants sont "prêts à se plier à aux mesures les plus rigoureuses pour garder le marché ouvert".
Fruits, légumes, viandes, épices, mais aussi tissus, vêtements, quincaillerie, électroménager, informatique, pièces détachées pour deux-roues, et même oeuvres d'art...On trouve de tout dans cet marché animé sept jours sur sept, de l'aube au crépuscule.
Entre 25.000 et 30.000 personnes y travaillent, selon l'Agence de développement urbain de Ouagadougou.Organisé autour d'un énorme bâtiment de deux étages, occupant une place centrale de la capitale, le grand marché compte près de 3.000 boutiques.
L'Etat a décidé sa réouverture "pour soulager les commerçants, leur permettre de poursuivre leur activité et participer à la relance de l'économie nationale", selon le maire de Ouagadougou Armand Béouindé.
"Le grand marché, c'est le poumon économique de la capitale.Les autres marchés, même à l'intérieur du pays, se ravitaillent à partir du grand marché", souligne le président du Conseil national du secteur informel, Salifou Kaboré.
- "Changer de comportement" -
La pandémie met à rude épreuve la fragile économie du Burkina Faso, déjà éprouvée par la lutte contre les groupes jihadistes depuis cinq ans.La croissance devrait chuter à 2%, au lieu des 6,3% initialement prévus, selon le gouvernement.
Les frontières sont fermées, et les grandes villes, dont Ouagadougou, placées en quarantaine, désorganisant le commerce.
Autour du grand marché, les parkings sont à nouveau bondés de vélos et de motocyclettes."Pour nous, les affairent reprennent", sourit Alassane Kaboré, gérant de l'un des parkings, affairé à ranger quelques engins.
"Il était temps car on ne savait plus quoi faire pour survivre. Nous n'avons pas bénéficié d'aide ou d'accompagnement pour tenir pendant la durée de la fermeture", relève-t-il.
Avant la réouverture, le marché central a été entièrement nettoyé et désinfecté, explique le ministre du Commerce Harouna Kaboré, alors que des haut-parleurs diffusent des messages sur les mesures barrières contre le coronavirus.Les mêmes opérations sont en cours pour les autres marchés.
"Des dispositifs de lavage des mains ont été installés à toutes les portes d'entrée et la prise de température est systématique.A l'intérieur, les allées ont été complètement dégagées, et un traçage fait pour respecter la distanciation sociale", assure le maire.
"Nous avons augmenté le nombre de policiers sur le site du marché pour aider les usagers et s'assurer que les gestes barrières seront respectés.Près de 500 bénévoles ont également été mobilisés pour poursuivre la sensibilisation et veiller au respect des consignes", détaille-t-il.
Commerçants et acheteurs devront porter un masque, et seulement deux clients en même temps seront autorisés par boutique, précise Halidou Sanfo, représentant des commerçants."Nous sommes tous appelés à changer notre comportement.On ne peut plus fréquenter les marchés comme on le faisait avant et nous allons y veiller", promet-il.
Parmi les badauds, certains Ouagalais s'inquiètent de cette réouverture.
"La maladie n'est pas encore maîtrisée.Les cas ne font qu'augmenter", note Awa Zoungrana, professeur du secondaire.
"C'est sûrement pour éviter des troubles que les autorités ont rouvert le marché, sinon rien ne justifie une telle précipitation", soutient Albert Nana, fonctionnaire à la retraite, pas rassuré par les mesures de sécurité."Je fréquente régulièrement le marché, mais je vais éviter d'y aller pendant quelques temps".
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