Le groupe français va acquérir l'ensemble des intérêts de la société pétrolière britannique Tullow dans le projet de développement du Lac Albert en Ouganda et dans le projet d'oléoduc East African Crude Oil Pipe Line (EACOP), qui doit traverser la Tanzanie.Total doit verser à Tullow 575 millions de dollars ainsi que des paiements conditionnels, indexés sur la production et les cours du pétrole.Le pétrolier britannique était en négociation avec Total et le chinois CNOOC pour céder ces actifs, mais la négociation a coincé en 2019 sur des questions fiscales et la taxation du produit de la vente.L'accord a achoppé sur le refus de Tullow de payer aux autorités ougandaises une taxe sur la plus-value à la revente de ses titres et sur la volonté de Total et CNOOC, qui auraient porté leurs parts à 44,1%, de déduire fiscalement les actifs récupérés.Lassé d'investir sans rien voir venir, et en attendant un nouvel accord, Total avait décidé de geler toutes ses activités techniques sur le terrain.Désormais, "un accord de principe a été conclu sur le traitement fiscal de la transaction", selon Total. Pour l'ONG française Les Amis de la Terre, "cet accord avec Tullow et le gouvernement ougandais, fruit d'un bras de fer fiscal, va permettre à Total de relancer de plus belle son méga-projet pétrolier". "On peut donc craindre une accélération de l'expulsion de dizaines de milliers de personnes, au prix de graves violations des droits humains", selon Juliette Renaud. "Cet accord avec Tullow signifie aussi que les pressions de Total sur le gouvernement ougandais pour obtenir de meilleures conditions fiscales ont porté leurs fruits, mais l'opacité sur le contenu de leur accord reste totale. Une chose est sûre : cela privera l'Ouganda de ressources pour les services publics et notamment pour faire face à la crise sanitaire actuelle", dénonce-t-elle.L'accord de jeudi "s'inscrit pleinement dans notre stratégie d'acquisition de ressources long-terme à bas coût", a salué le PDG de Total, Patrick Pouyanné, cité dans le communiqué.Ces deux projet géants, menés avec la compagnie chinoise CNOOC, sont critiqués par des ONG qui les accusent de ne pas prendre en compte les impacts sur les populations et l'environnement.Six ONG françaises et ougandaises ont assigné Total pour l'obliger à revoir son "plan de vigilance", une disposition imposée à toutes les multinationales par une loi française de 2017.Fin janvier, le tribunal judiciaire de Nanterre (proche de Paris) s'était déclaré incompétent et avait renvoyé l'affaire devant le tribunal de commerce.Total estimait alors que "son plan de vigilance est conforme aux dispositions de la loi sur le devoir de vigilance et s'attache à identifier les risques répondant aux préoccupations des associations".jmi/fz/sba
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