Les recours du chef du Conseil national pour la liberté (CNL), Agathon Rwasa, contre les résultats des élections présidentielle, législatives et communales, sont "nuls et de nul effet", a annoncé l'un des sept juges de la Cour constitutionnelle.
Celle-ci a ensuite validé les résultats définitifs donnant le candidat du parti au pouvoir (CNDD-FDD), le général Ndayishimiye, vainqueur de la présidentielle avec 68,70% des voix, devant M. Rwasa (24,18%) et le candidat de l'Union pour le progrès national (Uprona), Gaston Sindimwo (1,63%).
Évariste Ndayishimiye, 52 ans, sera investi en août pour un mandat de sept ans renouvelable une fois.Il succédera ainsi à Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, qui ne se représentait pas et l'avait adoubé comme son "héritier".
La Cour constitutionnelle a estimé que le CNL, qui contestait les résultats provisoires donnés par la Commission électorale, n'avait pas apporté de preuves suffisantes à l'appui de son argumentation.
"On ne s'attendait pas à un miracle, malgré les preuves de fraudes massives et de nombreuses irrégularités que nous avons présentées à la Cour et malgré le rapport de l’Église catholique.On n'est pas surpris, car la justice n'est pas indépendante au Burundi", a déclaré à l'AFP le secrétaire général du CNL, Simon Bizimungu.
La secrétaire nationale en charge de la Communication du CNDD-FDD, Nancy Ninette Mutoni, s'est pour sa part félicitée sur Twitter du taux de participation de 87,71%, y voyant "un jour historique pour la démocratie au Burundi".
Le CNL avait dénoncé une "mascarade électorale", dressant la longue liste des irrégularités commises selon lui par le pouvoir, qui aurait fait pression sur les assesseurs de l'opposition et les électeurs et multiplié les fraudes.
- "Beaucoup d'irrégularités" -
M. Rwasa avait déposé ce recours tout en ayant plusieurs fois répété ne se faire aucune illusion sur l'issue de la procédure, devant la Cour qui avait validé la réélection du président Pierre Nkurunziza en 2015.
En 2015, la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat controversé avait plongé le pays dans une crise politique majeure, qui a fait au moins 1.200 morts et poussé à l'exode quelque 400.000 Burundais.
De nombreux témoins dans tout le pays et des journalistes burundais avaient confirmé à l'AFP la validité de certaines des accusations du CNL.
L'Église catholique leur avait aussi donné du poids en déplorant "beaucoup d'irrégularités quant à la liberté et la transparence du processus électoral".
L'Eglise catholique, première confession dans ce pays de quelque 11 millions d'habitants, avait déployé 2.716 observateurs le jour du scrutin.Aucune mission d'observation étrangère n'avait été accréditée par le gouvernement.
La communauté internationale, dont les principaux bailleurs de fonds du Burundi (UE, Belgique, Allemagne...), qui depuis 2015 lui imposent des sanctions, s'est gardée de parler de fraudes et a seulement averti qu'elle ne soutiendrait pas "toute partie qui voudrait recourir à la violence".
- "Climat extrêmement répressif" -
Selon une source diplomatique, elle s'accommoderait du général Ndayishimiye, perçu par les observateurs comme moins dogmatique que son prédécesseur, et qui avait lancé avant l'élection quelques signes d'ouverture à son intention.
Après la proclamation définitive des résultats des législatives, le CNDD-FDD obtient 86 sièges à l'Assemblée nationale, contre 32 au CNL et 2 à l'Uprona.La communauté twa (à peine 1% de la population) aura également trois représentants.
Craignant des incidents, même si l'élection s'est déroulée dans le calme après une campagne émaillée de violences et d'arrestations, le pouvoir avait déployé jeudi des policiers en tenue anti-émeute et lourdement armés à plusieurs carrefours de Bujumbura, selon des témoins.
Après l'élection, le CNL avait dénoncé une véritable "chasse à l'homme" dans tout le pays à l'égard de ses sympathisants.Selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP, les Imbonerakure, les membres de la ligue de jeunesse du CNDD-FDD, l'un des bras armés du régime, s'en sont pris en plusieurs endroits du pays aux gens soupçonnés d'avoir voté pour le CNL.
Si certaines de ces exactions ont continué ces derniers jours, le CNL reconnaît qu'elles ont baissé légèrement d'intensité après la saisie le 29 mai de la Cour constitutionnelle.
Human Rights Watch a dénoncé lundi des élections tenues "dans un climat extrêmement répressif", des informations faisant état "de meurtres, d'arrestations arbitraires, de passages à tabac et d'actes visant à intimider les électeurs lors de la campagne".
Ce scrutin avait été maintenu en dépit de l'épidémie de Covid-19.Le Burundi a officiellement recensé jusqu'ici 63 cas, pour un décès.Mais selon des médecins au Burundi, de nombreux cas et décès de personnes présentant les symptômes du virus ne sont pas comptabilisés.
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