A sa quête du profil idéal pour la guerre ouverte libyenne - poste vacant depuis trois mois -, pour la crise gelée au Sahara - un an sans titulaire -, est venu s'ajouter cette semaine celle d'un chef d'une mission politique nouvellement créée à Khartoum pour accompagner la transition au Soudan.
Idéalement, le (ou la) futur(e) titulaire devra parler arabe, avoir des expériences internationales et un bagage politique suffisant pour naviguer entre des grandes puissances en lutte d'influence permanente.La France pourrait être intéressée, selon une source onusienne.
Dans le cas de la Libye, le chef des Nations unies va de déconvenue en déconvenue, non pas à cause des profils approchés mais à cause de Washington qui a bloqué coup sur coup ses deux dernières propositions, s'attirant de rares critiques explicites de Paris et Berlin.
"Nous avons désespérément besoin (...) de quelqu'un pouvant parler aux gens sur le terrain et aussi ailleurs à haut niveau dans les capitales", souligne un ambassadeur sous couvert d'anonymat, en allusion aux multiples implications étrangères dans le conflit libyen.
Pour remplacer le Libanais Ghassan Salamé, démissionnaire début mars, Antonio Guterres, soumis à très forte pression de l'Afrique pour un ressortissant de ce continent, avait retenu un ex-chef de la diplomatie algérienne renommé.Mais les Etats-Unis ont mis en avril leur veto à sa nomination.
Son deuxième choix, une ancienne ministre ghanéenne, Hanna Serwaa Tetteh, est aussi bloqué depuis peu par Washington.
Il faut un émissaire "ayant le poids diplomatique le plus élevé et une stature" face au défi libyen, affirme un responsable du Département d'Etat sous couvert d'anonymat, semblant ainsi critiquer la candidature ghanéenne.
- "Lourde responsabilité" -
"Nous voulons un envoyé spécial qui se concentre exclusivement sur la négociation" tandis qu'un "représentant spécial" de l'ONU sera chargé de la gestion de la mission en Libye, ajoute ce responsable américain.
Cette requête pour deux postes au lieu d'un est rejetée par les partenaires des Etats-Unis au Conseil de sécurité, qui craignent des redondances et soulignent que ce modèle, expérimenté dans les dossiers sans fin de Chypre et du Sahara Occidental, n'a pas fait ses preuves.
En Libye, un des adjoints de l'émissaire (deux actuellement) peut très bien s'occuper de la gestion au quotidien de la petite mission onusienne, souligne un diplomate sous couvert d'anonymat.A l'ONU, l'exigence américaine n'est pas comprise alors que l'Organisation, sous forte pression américaine, cherche à faire des économies.
Alors que les violences redoublent dans le conflit libyen, "ceux qui bloquent la proposition du secrétaire général portent une très lourde responsabilité", a estimé récemment l'ambassadeur allemand à l'ONU, Christoph Heusgen.
Au Sahara Occidental, il n'y a plus d'émissaire politique depuis la démission en mai 2019 de l'ancien chef d'Etat allemand Horst Kohler, soit il y a plus d'un an.
Après des années de gel, ce dernier avait réussi à relancer les discussions entre le Front Polisario, le Maroc, l'Algérie et la Mauritanie.Toute nomination d'un émissaire doit avoir un feu vert de Rabat qui aurait souhaité l'an dernier à nouveau un ex-président, selon certains diplomates, démentis par d'autres.
En février, Antonio Guterres avait trouvé pour le poste l'ancien président de l'Assemblée générale de l'ONU en 2017-2018 et ministre slovaque des Affaires étrangères, Miroslav Lajcak.En vain.Alors que l'officialisation de sa nomination était imminente, l'Union européenne l'a préempté pour qu'il devienne émissaire européen pour le dialogue entre Belgrade et Pristina.
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