Neuf militaires, jugés pour des viols d'une soixantaine de femmes dans l'est de la République démocratique du Congo début janvier, ont été condamnés lundi par une cour militaire à des peines allant de 10 à 20 ans de prison, et un a été acquitté.
Un lieutenant-colonel, deux majors et un sous-lieutenant ont été condamnés à 20 ans de prison pour "crimes contre l'humanité par le viol et autres formes d'actes inhumains et terrorisme", par la cour militaire de Bukavu (est), délocalisée à Baraka, dans la province du Sud-Kivu.
La peine de mort avait été requise contre ces accusés.
Trois caporaux ont été condamnés à 15 ans de prison et deux autres à 10 ans, pour les mêmes chefs d'accusation.Le ministère public avait requis 20 ans pour les cinq.La cour a estimé leur niveau d'instruction "insignifiant".
Accusé aussi de viols, un major a été acquitté, la cour jugeant que les faits n'avaient pas été prouvés le concernant, alors que la peine de mort avait été requise à son encontre.
Enfin la cour s'est dit incompétente pour juger un 11e prévenu, qui avait dit à l'audience avoir 16 ans.Son âge a été estimé entre 14 et 17 ans par des médecins et le mineur comparaîtra devant un juge des enfants à Bukavu.
Les militaires étaient jugés depuis le 10 février pour les viols d'une soixantaine de femmes, et des violences et pillages commis dans la nuit du 1er au 2 janvier dans la localité de Fizi (est), à une trentaine de km de Baraka.
Au cours des débats, des prévenus avaient affirmé avoir reçu des ordres de leur chef et principal accusé, le lieutenant-colonel Daniel Kibibi Mutware, pour commettre les viols mais ce dernier avait démenti et affirmé avoir été débordé par ses hommes.
Les prévenus étaient accusés d'avoir participé à une expédition punitive après la mort d'un militaire qui avait blessé par balle un habitant à la suite d'une altercation.Les habitants avaient lapidé ce soldat puis l'avaient sorti de l'hôpital où il était soigné pour le tuer.
Les exactions avaient été commises de 19H00 (17H00 GMT, le 1er janvier) à 04H00 (le 2), et, selon des témoins, quasiment tous les militaires de l'unité présente à Fizi, soit une compagnie (ndlr, environ 150 hommes) y auraient participé.
Le lieutenant-colonel Kibibi est un ex-officier de la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), et les autres des ex-miliciens des Patriotes résistants congolais (Pareco), intégrés début 2009 dans l'armée congolaise, après un accord de paix avec Kinshasa.
Après ces viols, la Haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, avait appelé les autorités congolaises à "veiller (...) à ce que les auteurs présumés soient déférés à la justice".
Le gouvernement de Kinshasa avait lui dénoncé "une campagne de dénigrement" de l'ONU contre ses forces armées, et minimisé le nombre des victimes.
Des militaires congolais sont régulièrement accusés de commettre des violences contre les populations dans l'est de la RDC, tout comme les groupes armés qu'ils combattent dans cette région instable.
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