"Nous espérions une élection sans irrégularités (...) tous les Malawites ont vu que cette élection était la pire de l'histoire", a déclaré M. Mutharika lors d'une brève déclaration devant la presse.
"Plus largement, nous pensons que la plupart des résultats envoyés à la MEC (Commission électorale) ne sont pas le reflet de la volonté du peuple", a-t-il ajouté.
Le chef de l'Etat sortant a affirmé que des scrutateurs de son parti avaient été "battus, frappés, kidnappés et intimidés de façon à ne pas pouvoir participer au contrôle du vote"."De nombreuses feuilles d'émargement n'ont pas leurs signatures", a-t-il déploré.
Avant la déclaration de M. Mutharika, son Parti démocratique progressiste (DPP) avait exigé l'annulation des résultats en raison "d'incidents qui pourraient affecter la légalité et la crédibilité" du scrutin.
Un de ses responsables, Francis Mphepo, avait estimé à plus d'un million et demi le nombre de suffrages perdus par le sortant pour cause de "violence ou d'intimidation".
Contrairement à M. Mphepo, le chef de l'Etat n'a toutefois pas formellement demandé de nouveau scrutin.
La MEC a jusque-là publié les résultats de plus de 80% des 5.002 bureaux de vote du pays.Au dernier comptage publié sur son site internet, Lazarus Chakwera, 65 ans, y était crédité de 2.277.559 voix, très largement devant M. Mutharika, 79 ans, avec à peine 1.396.076 voix.
Son prochain point de presse est prévu en soirée.
Malgré les restrictions imposées par la pandémie de nouveau coronavirus, les Malawites ont voté mardi en masse pour la deuxième fois en un an.
Lors du scrutin disputé en mai 2019, la MEC avait proclamé la victoire de Peter Mutharika, au pouvoir depuis 2014, avec 38,57% des suffrages contre 35,41% à Lazarus Chakwera.
- 'Dans le déni' -
Mais le chef de l'opposition avait contesté les résultats et ses partisans étaient descendus dans la rue pendant plusieurs mois pour obtenir l'annulation du scrutin.Leurs manifestations avaient été le théâtre de fréquentes violences avec les forces de l'ordre.
En février, la Cour constitutionnelle a finalement donné raison à l'opposition en invalidant les résultats pour cause "d'irrégularités généralisées et systématiques" et en ordonnant la tenue d'un nouveau scrutin.
Le Malawi est ainsi devenu le deuxième pays d'Afrique subsaharienne à avoir annulé une élection présidentielle, après le Kenya en 2017.
Au lendemain du scrutin de mardi, des ONG locales, qui avaient dépêché des observateurs dans tout le pays, ont dressé un premier bilan concluant que le "processus électoral s'est bien passé jusqu'à présent".
La déclaration du président sortant, avant même la publication des résultats, a suscité de vives critiques au Malawi, notamment dans la société civile.
Peter Mutharika "est dans le déni", a déclaré à l'AFP Gift Trapence, le responsable de la Coalition des défenseurs des droits humains, à l'origine des manifestations pour l'annulation du scrutin de 2019.
"Mais la réalité va très vite le rattraper", a poursuivi M. Trapence, "les Malawites ont voté et il va devoir respecter la volonté du peuple".
"C'est la dernière ruade du vieux cheval", a pour sa part jugé l'analyste Henery Chingaipe."Dans toute l'histoire du pays, il n'y a jamais eu d'élection aussi transparente que celle-là, notamment dans la gestion des résultats".
Le camp de M. Chakwera n'a pas immédiatement réagi aux propos du chef de l'Etat sortant.
Le Malawi est un des pays les plus démunis de la planète.Selon la Banque mondiale, plus de la moitié de ses 17 millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté.
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