Le vice-président a remis au chef de l'Etat "sa démission (...) pour des raisons de convenance personnelle le 27 février (...) Après plusieurs entretiens dont le dernier a eu lieu le 7 juillet, le président Alassane Ouattara a pris acte" et accepté la démission à la date du 8 juillet, a déclaré lundi le secrétaire général de la présidence Patrick Achi.
Le président a rendu "hommage à un grand serviteur de l'Etat, un homme de pouvoir et d'engagement", selon le communiqué officiel lu par M. Achi.
Dans un communiqué diffusé dans l'après-midi, M. Duncan, 77 ans qui confirme avoir voulu démissionner dès février, fait part de "sa profonde gratitude" envers le président qui lui a donné l'opportunité de "travailler pour servir notre beau pays".
Les rumeurs de démission de M. Duncan circulaient depuis plusieurs jours.
Jusqu'à récemment, M. Duncan était considéré comme un proche de M. Ouattara.Il appartient au Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), le parti historique fondé par le premier président Félix Houphouët-Boigny mais il était entré au gouvernement à la faveur de l'alliance du PDCI avec la formation du chef de l'Etat au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Lors de la rupture en 2018 entre le PDCI et le RHDP, il était resté fidèle, comme plusieurs ministres, à M. Ouattara.
M. Duncan est depuis longtemps un poids lourd du pouvoir.Ministre des Affaires étrangères (2011-2012) puis Premier ministre avec le portefeuille de l'Economie (2012-2017), il est devenu en janvier 2017 le premier vice-président de l'histoire de Côte d'Ivoire, poste créé avec la nouvelle Constitution de 2016.
Sa démission survient alors que le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly est décédé brusquement d'une crise cardiaque le 8 juillet, après son retour de deux mois de soins en France.
- "Il en avait marre" -
Le décès du Premier ministre, qui avait été désigné candidat du RHDP à la présidentielle d'octobre, a complètement changé la donne politique, le parti au pouvoir devant se trouver un autre candidat.
Beaucoup estiment que le président Ouattara, qui avait annoncé en mars qu'il ne briguerait pas un troisième mandat, pourrait finalement être candidat.
Le timing de la démission de M. Kablan Duncan est "curieux", souligne un observateur."La démission date du 27 février : avant que Ouattara n'annonce qu'il n'y allait pas (à la présidentielle, NDLR).Donc pourquoi se précipiter en pleine période de deuil ?".
Dans les couloirs de la présidence, on murmure que M. Duncan aurait aussi eu des velléités de se présenter à la présidentielle.
Le motif avancé, des "convenances personnelles", n'en dit pas long sur les vraies raisons de la brouille.
"Duncan s'est senti trahi", estime N'Goran Djédri, du bureau politique du PDCI."Il est parti au RHDP pour jouer les premiers rôles, avec une équipe de cadres, dont certains ont été remerciés, et d'autres sont en situation précaire" au gouvernement.
M. Duncan s'est-il agacé que le président ait toujours donné la priorité aux gens de son parti, marginalisant les membres du PDCI ?
Un autre membre du PDCI est moins diplomatique: "Il en avait marre d'être constamment rabaissé".
Pour l'ancien Premier ministre Pascal Affi NGuessan, du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), "cette démission illustre que le régime est en crise", et doit appeler "les acteurs politiques à un dialogue"."La situation actuelle compromet gravement la tenue des élections en octobre 2020", estime-il.
Le scrutin s'annonce tendu.Le PDCI sera représenté par son chef historique, l'ancien président Henri Konan Bédié, 86 ans, alors que le FPI attend toujours la décision de la Cour pénale internationale (CPI) concernant l'ancien président Laurent Gbagbo pour décider qui sera son candidat.
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