La mission annoncée par la présidence malienne doit poser le pied à Bamako mercredi après-midi 24 heures après que les leaders de la contestation, tout juste relâchés, ont dit ne plus avoir d'autre objectif que la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Ils ont appelé à un rassemblement vendredi, une semaine après une manifestation qui a mal tourné, point de départ des troubles civils les plus graves qu'ait connus depuis des années la capitale, préservée en temps normal des violences jihadistes et intercommunautaires qui endeuillent le nord et le centre du pays.
Trois jours d'affrontements de vendredi à dimanche ont fait 11 morts et 158 blessés selon le Premier ministre Boubou Cissé.Le mouvement du 5-Juin, le collectif qui porte la contestation, fait état d'un bilan plus lourd.
Le rassemblement de vendredi sera consacré au recueillement et à la prière, a-t-il dit.Mais il maintient son appel à la "désobéissance civile", en assurant qu'elle est pacifique.
"La démission est le seul mot d'ordre.Nous avons acquis la conviction aujourd'hui que Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta n'a ni les capacités physiques, ni les capacités intellectuelles de diriger le pays", a dit Mountaga Tall lors de la première conférence de presse après la libération des leaders du mouvement.
Le message a fait craindre une nouvelle poussée de fièvre immédiate.Quelques barricades ont bien été dressées et des pneus incendiés dans la nuit.Mais le calme régnait mercredi, ont constaté les correspondants de l'AFP.
Il reste précaire.La communauté internationale s'inquiète de cette escalade à l'issue imprévisible dans un pays déjà confronté au jihadisme, aux violences de toutes sortes et à la pauvreté, dans une région elle-même tourmentée.
Des diplomates de grandes organisations africaines, de l'ONU et de l'Union européenne s'emploient à désamorcer la crise en en rencontrant les protagonistes.
La présidence malienne a annoncé l'arrivée prévue mercredi d'une délégation de la Ccommunauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) conduite par Goodluck Jonathan, président du Nigeria de 2010 à 2015, et comprenant des experts constitutionnalistes.
Parmi les voies de sortie de crise empruntées par un pouvoir secoué figure la nomination de nouveaux juges à la Cour constitutionnelle.
- Casse-tête constitutionnel -
Le Mouvement du 5-Juin canalise des mécontentements multiples et profonds, contre la dégradation sécuritaire et l'incapacité à y faire face, le marasme économique et social, la défaillance de l'Etat, ou le discrédit répandu d'institutions suspectes de corruption.
Ces griefs sont anciens.Mais les législatives contestées de mars-avril passent pour avoir provoqué un déclic et agrégé une coalition hétéroclite de personnalités religieuses, du monde politique et de la société civile, autour de l'imam Mahmoud Dicko, éminente figure publique et farouche adversaire du pouvoir.
La Cour constitutionnelle avait invalidé une trentaine de résultats des élections.
Une mission de bons offices de la Cédéao en juin avait conclu que cette décision était "à la base de la crispation".Elle avait appelé le gouvernement à "reconsidérer" les résultats dans les circonscriptions concernées et à y organiser des élections partielles "dans les meilleurs délais".Elle avait aussi jugé nécessaire l'installation d'un "gouvernement consensuel d'union nationale".
Ces préconisations sont soutenues par une grande partie de la communauté internationale.
Parmi les gestes d'apaisement qu'il a tentés, le président s'est dit ouvert à un retour en arrière sur la trentaine de résultats controversés.
Il a annoncé la dissolution de la Cour constitutionnelle pour créer les conditions de cette marche arrière.Cette dissolution cause des complications non seulement politiques, mais légales, que les experts constitutionnalistes attendus mercredi sont supposés l'aider à résoudre.
Cependant aucune des ouvertures du président jusqu'alors n'a fissuré profondément l'intransigeance du M5.
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